Alors qu’elle entreprend une véritable enquête pour écrire sur les membres d’Action Direct, groupe terroriste d’extrême gauche qui a sévi en France dans les années 80, l’auteure se retrouve confrontée à la propre histoire de sa famille et en particulier celle de son père, disparu brusquement sans laisser de traces. Le livre sur Action Directe se transforme alors en un récit beaucoup plus personnel sur ce mystérieux père et ses activités.
Ce récit est une plongée passionnante dans les méandres d’un groupe d’activistes qui se base sur une documentation détaillée et de nombreux témoignages des membres du groupe encore en vie. Monica Sabolo fouille, analyse, dissèque les actions menées par Action Directe et les personnalités des principaux membres tout en menant l’enquête sur sa propre vie, remontant dans ses souvenirs, essayant d’éclairer des passages de sa vie familiale complexe.
On découvre dans ce récit qui prend un tour très intime une Monica Sabolo qui avoue ses failles et ses blessures, sans se départir d’une certaine élégance, de beaucoup de pudeur et d’une pointe d’humour qui allège parfois certaines révélations. On éprouve avec elle ce vertige de faire remonter à la surface des questionnements parfois dérangeants et de lever le voile sur des secrets bien enfouis.
La réflexion sur les motivations des membres d’Action Directe est aussi très intéressante. Monica Sabolo ne juge pas, même si elle condamne les morts causées pas le groupe, mais donne des clés de compréhension par rapport à un engagement, une époque, un combat. En avançant ainsi en parallèle le récit intime et celui d’Action Direct, l’auteure dénoue progressivement les nœuds d’une histoire personnelle difficile qui conduit le lecteur au cœur d’un récit où l’émotion est constamment présente.
Monica Sabolo explore avec beaucoup de finesse les pistes de la rédemption, du pardon et de la résilience dans ce livre brillant et merveilleusement bien écrit. La première bonne pioche de cette rentrée littéraire !