Momo a la vie devant soi, du haut de ses dix ans il aborde la vie avec déjà une lucidité incroyable. N'ayant jamais connu ses parents, il vit dans un foyer pour "enfants de putes" à Paris, avec Madame Rosa, sa Madame Rosa. Il l'aime d'amour et l'accompagnera pas à pas vers sa dégradation physique et mentale, jusqu'à son "avortement" comme il le dit.
Momo a une poésie dans la pensée sans pareille, il joue avec les mots et pose un regard sans jugement sur le monde qui l'entoure. Ainsi pour lui les "putes" sont des femmes qui se "défendent par le cul", ces mots n'ayant aucune mauvaise connotation pour lui, ni ne sont vulgaires, ils décrivent juste la réalité comme elle est. Nous le suivons avec plaisir d'aventures en aventures, tournant les pages avec émotion pour découvrir des personnages hauts en couleur, tel que Monsieur Hamil, le vieil aveugle fan de Victor Hugo, Madame Lola le sénégalais "travestite", jusqu'au dénouement final d'un déchirement magnifique.
Le texte, pouvant paraître simple par son écriture se révèle complexe par les multiples thèmes qu'il aborde et par la philosophie découlant des mots. Momo est sensible, et nous le ressentons. La réalité décrite est inimaginable mais pourtant réellement existante.
N'oublions pas que derrière chaque pensée de cet enfant se cache l'auteur Emile Ajar, ou plutôt Romain Gary, qui signe là un chef-d'oeuvre intemporel. Pour un premier roman que je découvre de lui, je n'ai pas été déçue. Je vous le conseille donc, bonne lecture à vous.