Avant toute chose, petite note sur l'impression que le livre m'a donné lorsque je l'ai saisi pour la première fois dans la bibliothèque : il se trouvait dans ma liste de "livres à lire" (je ne sais plus qui me l'a conseillé mais je le remercie), et la vue de la couverture ainsi que la lecture de la quatrième me donnèrent une légère impression de roman "à l'eau de rose" (type de roman qui m'intéresse très peu). Ce fut tout le contraire.
De prime abord, les phrases quelque peu décousues voire répétitives m'ont un peu inquiété, (en effet, j'avais peur de retomber dans un style d'écriture comparable en certains points à celui de Kerouac, donc le livre "Sur la Route" m'est rapidement tombé des mains) mais c'était sans compter l'humour tranchant qui vous prend à la gorge -déployée- (je me suis retrouvé plusieurs fois rire à haute voix, fait assez rare que pour être signalé concernant un livre), qui surprend, ainsi que l'émotion qui, discrètement, imprègne ce magnifique roman.
Je suis partisan des mots qui vont droit au but, et ici on ne peut qu'être touché par l'honneteté sans pareille du petit Mohammed, dont l'âme sensible, ensevelie sous une fine carapace d'épreuves de la vie, nous est offerte sans aucun filtre. Une écriture digne d'un enfant qui parle comme un adulte, ou un adulte qui parle comme un enfant.
C'est effectivement une histoire d'amour -le vrai- et la déliquescence de Madame Rosa, narrée par des réfléxions et considérations "vierges" de Mohammed sur la mort et la vieillesse, nous apporte étonnament un vent de fraîcheur sur les questionnements habituels autour de ces deux sujets.
Si je plaide coupable quant à la durée de lecture (il me fallut y revenir de nombreuses fois), j'en retire de nombreuses citations soigneusement notées que je relirai très certainement, tandis que je laisse les délicieux traits d'humour à la magie de l'instant, si jamais je m'aventure dans une relecture de ce doux livre, que je recommande.