Yves Boisset fait partie des mes frustrations de cinéphile, car j'ai souvent entendu du bien de ses films, et il faut reconnaitre qu'ils sont souvent très difficiles à voir.
Peu d'éditions DVD, encore moins de Collectors, seuls certains de ses films les moins subversifs existent, comme Canicule ou Dupont Lajoie (quoique, pour ce dernier...).
D'une certaine manière, cette rareté des films de Boisset en DVD en dit long sur leurs caractères souvent singuliers, à faire des films aux sujets sulfureux, qui seraient totalement impossibles à monter aujourd'hui.
Cinéphile né à la même époque que Betrand Tavernier ou Patrick Brion, Boisset a été bercé aux films américains, et à faire de la Cinémathèque sa deuxième maison.
Ses débuts dans le cinéma sont des rencontres avec rien de moins que Claude Sautet, Jean-Pierre Melville, Ricardo Freda, René Clément, et un savoureux passage sur Stanley Kubrick où ce dernier lui a chargé de faire le tour du monde pour trouver des photos de paysages évoquant la Lune, pendant la préparation de 2001. Photos dont il ne se servira jamais, mais Kubrick demandera quand même à Boisset de devenir son assistant, chose qu'il refusera alors qu'il devient lui aussi réalisateur.
C'est un livre très intéressant dans le sens où Boisset se dévoile sans fards, et où transparait la difficulté qu'il a à réaliser ses films, car soit il se confronte aux ciseaux de la censure ou à des pressions extérieures qui ne manqueront pas de lui attenter à sa vie et à celle de sa famille.
L'origine de chacun de ses films est narré avec précision, et si quelque fois, c'est rocambolesque (comme la production de Coplan sauve sa peau, son premier film), on voit en filigrane à quel point Boisset en a chié pour faire les films qu'il avait envie de réaliser.
D'ailleurs, il est amusant de noter que sa carrière de réalisateur s'est arrêtée en 1990, alors qu'il ne connaissait pas de gros échecs. Etait-il trop gênant pour les hautes instances ? C'est ce que suggère le réalisateur, dont on sent qu'il en a gros sur la patate.
Il continuera quand même à réaliser des téléfilms ou des documentaires, dont certains renommés comme celui sur Jean Moulin, mais le cinéma ne le rappelera plus.
Le titre du livre est bien choisi, car Boisset a choisi de placer sa vie sous le signe de la vérité, chose qu'il paiera cher, celle de réaliser.
Quant à ses films, j'en entends si souvent du bien, que quelqu'un les sorte en DVD !