En juin 2006, James Ballard apprend qu’il est atteint d’un cancer de la prostate ne lui laissant que peu d’années à vivre. Il commence alors en janvier 2007 la rédaction de son autobiographie, The Miracle of Life, qui paraît au Royaume-Uni l’année suivante. L’écrivain décèdera finalement un an plus tard, en avril 2009.

Que peut-on attendre de l’autobiographie d’un auteur de science-fiction dont l’œuvre la plus connue, Empire du soleil, est déjà une autobiographie romancée ? Tout d’abord, évacuons ce qu’on n’y trouve pas. Ici, pas de longue digression sur le travail de l’écrivain ou le narcissisme de l’artiste : Ballard parle très peu de ses livres, ne dit même pas ce qu’il en pense (à part pour Le Vent de nulle part, « ma seule œuvre commerciale à cent pour cent », ce qui explique sans doute sa volonté que ce livre ne soit pas réédité). Pas de trace non plus de mondanités littéraires : on ne croise guère que Michael Moorcock ou Kingsley Amis au cours de quelques paragraphes. La science-fiction n’est pas plus présente : sa motivation à en écrire apparaît aussi évidente que son envie d’éviter le milieu.

En revanche, Ballard revient longtemps sur sa jeunesse en Chine, aussi bien comme membre de la classe dominante dans le Shanghai d’avant-guerre qu’en tant que prisonnier des Japonais dans le camp de Lunghua. De ces 130 pages chinoises ressort un sentiment de liberté et d’indépendance qui rend d’autant plus rude le retour en Angleterre : « les Anglais s’exprimaient en vainqueur mais se conduisaient en vaincus », « plus j’en apprenais sur le mode de vie britannique, plus il me paraissait étrange, et plus je me demandais de quelle manière organiser mon existence pour y échapper ».

Du coté artistique, plutôt que de littérature, c’est d’art contemporain que Ballard nous parle, et de l’adéquation qu’il perçoit entre cet art et la science-fiction, notamment lors de l’exposition « This is tomorrow » en 1956, véritable découverte pour lui et dont on mesure l’influence sur son écriture et son processus de création.

L’auteur à scandale de Crash ! et de La foire aux atrocités dévoile enfin une facette de sa vie qui surprendra nombre de ses lecteurs : celle d’un père de famille tranquille, heureux avec ses trois enfants, malgré le décès prématuré de sa femme. Son bonheur est d’ailleurs présent tout au long de sa vie, depuis ses escapades dans Shanghai et ses aventures dans le camp de détention japonais jusqu’aux dernières pages et à la découverte de son cancer, pages bouleversantes laissant le lecteur désemparé face à la mort d’un honnête homme.

Si La vie et rien d’autre peut décevoir le fan hardcore de SF désireux de découvrir les secrets d’écriture d’un écrivain et sa vie dans le fandom, cette autobiographie constitue néanmoins une pièce essentielle à la compréhension de l’œuvre de Ballard.
rmd
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le 15 févr. 2013

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