La Vie Éternelle est un roman de science-fiction de Jack Vance avec plus qu'une pointe de dystopie.
En bref : la science a progressé jusqu'à enfin découvrir LE secret que tout le monde veut : l'immortalité. Évidemment tout le monde ne peut pas le devenir, sinon la surpopulation deviendrait très vite un problème...
A Clarges, havre des immortels, la société a évoluée en conséquence en imposant un capital système de classes. Vous démarrez en bas de l'échelle et devez rendre service à la société par vos exploits, vos inventions ou vos idées. Un seul but : progresser, faire monter la pente de votre ligne de vie. Travailler plus pour vivre plus longtemps.
Gavin Waylock avait atteint l'ultime pallier et sa récompense, mais on l'en a spolié. Maintenant il est prêt à tout pour redevenir ce qu'il était. Et il ne compte pas suivre la voie habituelle, il ira jusqu'au meurtre si nécessaire pour se frayer un chemin dans la masse de concurrents...
La vie éternelle est l'un des premiers romans de Jack Vance et il est souvent ignoré par les fans de l'auteur. Pas parce qu'ils est mauvais, simplement il est plus sombre que ce qu'il écrit habituellement et la touche de fantasy qu'il ne peut s'empêcher de placer même dans le plus pur livre de SF est absente. On peut lui trouver quelques points communs avec Emphyrio, mais globalement il est très différent des autres livres de Vance, mais pourtant très bon.
Gavin Waylock avait monté les échelons de la société en plusieurs années. De Couvée à Cale, puis Troisième, il a atteint le Seuil et finalement le statut d'Amarante avec la récompense de la vie éternelle. Le problème c'est qu**'entretenir des immortels coûte cher**, et il n'y a en pratique qu'un Amarante pour deux mille individus. La compétition est incroyablement rude et les gens vivent une véritable obsession. Un espèce de ultra-capitalisme centré non plus sur l'argent mais sur votre espérance de vie. Un peu comme le film In Time où on suit un braqueur dans une société où l'argent à été remplacé par le temps, le fait que les enjeux soient vos précieuses secondes de vie les rendent totalement obnubilantes.
D'ailleurs beaucoup de gens à Clarges ne tiennent plus le rythme, ils craquent et son victimes de crises de démence alternées avec des dépressions catatonique. Ils savent au vue de leur pente qu'ils sont condamnés à échouer et à mourir à brève échéance. A l'autre extrémité du spectre, les Amarantes immortels eux disposent de corps de réserve imprégnés de leur conscience en cas d'accident. Les ingrédients parfaits pour une société bien bancale !
Tous ces ingrédients ne respirent pas la joie de vivre, pourtant on se laisse facilement prendre par le roman. Cela tient en grande partie à quelques lieux comme Carnevalle où les gens se libèrent avec abandon de tout le stress accumulé par leur vie étrange. Mais aussi à la relation étrange qu'entretient Gavin Waylock avec La Jacinthe, une magnifique immortelle qui s'intéresse à lui... avant de découvrir son secret. La tuer n'aura pas vraiment d'effet à cause de son fichu statut d'immortelle. Gavin va donc devoir trouver le moyen de parcourir à toute vitesse les échelons tout en déjouant l'enquête que la Jacinthe va mener pour résoudre son propre meurtre !
Beaucoup de personnages dans ce livre pourtant assez court, plusieurs sont attachants, beaucoup intéressants. Certains sont très complexes avec leurs objectifs divergents et leurs compromis, d'autres un peu plus caricaturaux. Non le seul problème que j'ai eu avec la Vie Éternelle c'est sa fin que je trouve un peu trop expédiée, avec notamment un retournement de situation de trop, comme si Vance, conscient d'avoir écrit un livre bien plus sombre que d'habitude s'était forcé à conclure sur une étrange note optimiste. L'effet est un peu celui d'un cheveu dans la soupe. Enfin, ça ne gâche rien à ce petit bouquin étrangement peu vancien que je viens juste de découvrir.