J'étais intrigué par ce livre, dont je me figurais qu'il serait probablement un croisement entre "The Help" et un livre de biologie... Et c'est un peu ça en fait, avec le problème que ce n'est pas "The Help" et c'est juste ok côté traité de biologie.... Le sujet est pourtant très intéressant: mettre en relief la personne de Henrietta Lacks, cette femme chez qui on préleva des cellules cancéreuses qui se trouvèrent à l'origine d'une révolution scientifique. Henrietta est morte en 1951 mais ses cellules , elles, continuent de proliférer dans d'innombrables labos encore aujourd'hui sous le nom de cellules HeLa.


La journaliste Rebecca Skloot nous décrit par le menu non seulement la vie de Henrietta et de sa famille mais aussi les protocoles scientifiques qui ont permis l'exploitation des cellules, ainsi que sa propre méthodologie d'enquêteuse au grand coeur. On assiste donc à un portrait de la condition noire et prolétaire aux USA , mais aussi à l'émergence de l'industrie pharmaceutique centrée sur les expériences in vitro, en une narration centrée sur les différents chercheurs.


On pouvait certes faire plus court je crois. L'histoire est en effet simple: on retire une couche de cellules cancéreuses, et un scientifique arrive à accomplir le défi scientifique de l'époque, à savoir la reproduction de cellules in vitro. Les cellules de Lacks sont exceptionnellement virulentes, à tel point qu'elles foisonnent, qu'elles refusent de mourir et bientôt le laboratoire les propagent (par courrier !) dans le monde entier. Elle nous montre aussi comment ces cellules si utiles à la science, aux vaccins, se sont avérées soudain être si contaminantes qu'elles ont détruit une décennie de recherche en infectant les travaux des scientifiques.
La narration scientifique m' a bien plu. L'auteure maîtrise son sujet, clairement . On découvre les premiers soucis éthiques qui touchent à la prise d'échantillon chez des patients pas toujours informés. La mise en brevet du Vivant, est un problème passionnant qu'aborde en détail la journaliste.


Là où l'auteure m'a perdu, c'est en se fixant trop sur le problème monétaire: comment tirer profit de ces cellules, comment attaquer en justice avec le meilleur angle, comment mixer cupidité et science... C'est un peu navrant cet angle... Le livre donne à voir des lueurs de compassion pour les enfants de Henrietta (peu éduqués, pauvres, ils ne disposent pas du système de santé qui leur permettrait d'avoir accès aux médicaments développés sur les cellules de leur mère!), il ébauche une amitié entre la journaliste et la fille de Henrietta. C'est intéressant, parfois sociologique, mais trop anecdotique. Que la journaliste se répète beaucoup dans son texte n'aide pas non plus...


Je retiens l'explication simple sur les télomères (petites mèches de dynamite en bout de chromosomes dont la longueur diminue avec le temps et qui abrègent ainsi la vie des cellules), et sur le cancer qui remplace habilement le télomère au fur et à mesure qu'il "fond", rendant la cellule "immortelle". Et j'ai eu aujourd'hui l'occasion d'avoir une pensée pour cette femme qui a sauvé tant de vies sans le savoir.

Créée

le 16 avr. 2020

Critique lue 74 fois

1 j'aime

nostromo

Écrit par

Critique lue 74 fois

1

D'autres avis sur La vie immortelle d'Henrietta Lacks

La vie immortelle d'Henrietta Lacks
nostromo
5

Une vie sur la boîte de Pétri...

J'étais intrigué par ce livre, dont je me figurais qu'il serait probablement un croisement entre "The Help" et un livre de biologie... Et c'est un peu ça en fait, avec le problème que ce n'est pas...

le 16 avr. 2020

1 j'aime

Du même critique

The Leftovers
nostromo
4

La Nausée...

Saison 1 seulement ! (Et pour cause!) The Leftovers n'est pas vraiment une série sur la "rapture" chrétienne, ni sur les extra-terrestres ou tout autre concept fumeux... Il y est plutôt question de...

le 29 sept. 2014

37 j'aime

11

Le Tombeau des lucioles
nostromo
10

La guerre, oui, mais d'abord l'enfance...

Quand j'ai vu "Johnny got his gun", je savais très bien à quoi m'attendre. Et ça ne m'a guère aidé... Pour "Le Tombeau des lucioles", je n'avais aucune idée de ce que j'allais voir, et je vois bien...

le 17 avr. 2013

35 j'aime

4