La vita non è così bella
Pas si facile d'être élue "plus belle femme du monde". Maria Cristina Palma en fait tous les jours l'amère expérience. Elle, l'épouse du Président du Conseil italien, ex-mannequin à la beauté...
le 16 janv. 2024
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Pas si facile d'être élue "plus belle femme du monde". Maria Cristina Palma en fait tous les jours l'amère expérience. Elle, l'épouse du Président du Conseil italien, ex-mannequin à la beauté longiligne et diaphane, en subit plus les désagréments que les avantages. Sur les réseaux sociaux, où elle occupe perpétuellement le centre de l'attention, on la surnomme au mieux Maria Tristiana, à cause de son regard mélancolique qui trahit les véritables épreuves de son passé (une mère emportée par la maladie lorsqu'elle avait 12 ans, un frère aîné adoré, Alessio, mort noyé, un premier mari broyé dans un accident de voiture), au pire Maria Cretina, en raison de son incapacité apparente à prendre la parole pour dire des choses intelligentes.
Cantonnée au rôle de potiche politique, elle voit un jour son destin basculer lorsqu'elle retrouve lors d'une soirée un ami de jeunesse. Après un échange par sms de photos émouvantes, Nicola Sarti lui envoie soudain une vidéo très compromettante les mettant en scène tous les deux. Quelles sont ses intentions véritables, lui qui semblait si sincèrement heureux de la retrouver ? Et pourquoi diable Maria Cristina, sur un coup de tête, accepte-t-elle de répondre à une interview en direct à la télévision, elle qui déteste les médias ?
Les sept jours qui la séparent de l'émission pourraient bien changer sa vie, pour le pire... ou pas.
Huit ans qu'il nous avait laissés sans nouvelle romanesque. Niccolo Ammaniti, vedette des lettres italiennes, lauréat du prix Strega (l'équivalent transalpin du Goncourt) pour l'exceptionnel Comme Dieu le veut, découvert un peu plus tôt grâce au poignant Je n'ai pas peur, était resté sur une tentative peu convaincante de roman post-apocalyptique (Anna), dans lequel il semblait s'être un peu perdu.
Le revoici heureusement en bonne forme, quoique un peu moins féroce et insolent qu'autrefois. Loin d'être une satire de la vie politique italienne, à laquelle on pouvait s'attendre de sa part (même si quelques coups de griffe partent à l'occasion), La Vie intime est davantage le portrait tout en contraste d'une femme en plein doute, dont la vie ne lui appartient plus vraiment, et qui va entreprendre sous la contrainte de la reprendre en main.
Si le roman réserve quelques moments bien grinçants dont Ammaniti a le secret, il cible surtout la vacuité du paraître, la superficialité aberrante d'une vie publique où tout est communication avant toute chose, et où une femme réduite à son apparence physique doit se battre pour se convaincre elle-même qu'elle a des choses à penser et à dire. Son héroïne oscille ainsi en permanence entre épisodes de lucidité douloureuse, crises de panique dévastatrices et caprices de star, avant de parvenir peu à peu à dégager les ronces qui entravent son chemin, et à trouver une voie de sortie élégante.
Roman de réapprentissage, La Vie intime déjoue finalement les attentes du lecteur en lançant son héroïne dans une série d'épreuves picaresques où elle apprend à faire confiance à son intuition, à sa finesse et à son authenticité. Moins mordant que touchant, au bout du compte, pour un joli retour pas aussi percutant qu'espéré - mais c'est déjà pas mal.
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le 16 janv. 2024
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