Nan, rien à faire ; pour moi, G.O.T. reste toujours le G.O.A.T.

J'ai une confession à faire ; j'ai globalement un problème avec la lecture de livres de fiction.

J'aime bien lire ; des livres d'Histoire (j'adore l'histoire), des livres de philo, des livres biographiques, des essais, des livres Politiques, comiques, sociaux, scientifiques...

Mais quand il s'agit de fiction, à une ou deux exceptions près, j'ai tout de suite plus de mal et je préfère pour ce genre de chose le support audio-visuel. Alors j'en vois déjà prêt à me lapider pour une telle hérésie ; du calme! Je ne dis pas que les œuvres audio-visuelles sont de meilleures qualité que les livres correspondants, je dis juste que chez moi (sans doute à cause d'une malformation génétique dans mon cortex préfrontal...), je suis plus facilement transporté dans un monde imaginaire quand j'ai un support visuel et auditif, qu'avec un livre, qui est un objet qui de mon point de vue, fonctionne bien mieux comme émulateur intellectuel que comme artéfact d'évasion mentale. Et si je peux facilement faire ma "midinette" devant un film ou une série, bonne chance pour arriver à me faire peur ou me faire pleurer avec un bouquin.

Seulement comme toute règle a ses exceptions (ce qui est un paradoxe intéressant en soi), il y a quelques cas spécifiques où la lecture d’œuvres de fiction me procure un kiff incomparable.

Tout d'abords je me suis tapé tous les Agatha Christie ou peut s'en faut. D'abords par tradition familiale. Ensuite parce que le côté ludique et interactif de la recherche du meurtrier compense largement la distance émotionnelle que m'impose le support papier.

Et puis surtout, il y a A Song Of Ice And Fire aka Game Of Throne aka G.O.T.

Un pote m'avait poussé (grand merci à lui!) à commencer cette Saga il y a de ça pas mal d'années (oui, avant le début de la Série et la Hype générale) et ça avait été une grosse claque ; j'ai dévoré les livres comme un morfale et me les suis même relu plusieurs fois.

Je me demande pourquoi?... Peut être est ce parce que j'adore ce style, j'adore les différents points de vue, j'adore la richesse du Lore, j'adore le côté récit Historique où presque chaque clampin qu'on croise dans le récit se transforme en "Père Castor" (de façon parfois un peu ridicule il faut l'avouer) pour vous gratifier d'une anecdote historique sur cet Univers presque aussi riche que le notre!... Quoiqu'il en soit, c'est ma came!

Seulement voilà, Martin, l'auteur, est un putaing de sadique : il s'amuse à faire tourner ses lecteurs en bourriques en retardant de façon toujours plus outrageante la sortie des derniers Tomes, créant par là une frustration terrible et une flopée de camés en manque!

Pour surmonter cette frustration, j'ai tenté de me lancer dans plusieurs autres Histoires de Fantasy, afin de retrouver un peu de cette hype, cette vibe, ce kiff...

Et bien, pour le moment, et au risque de passer pour un kikoo, un Footix de la Fantasy, bin, je dois avouer qu'aucune de mes tentatives n'a ne serait-ce que légèrement rivalisé avec l’œuvre de Martin.

J'ai tenté L'Assassin Royal (pas accroché), La Compagnie Noire (pas accroché), Olangar - Bans et Barricades (que j'ai bien aimé -cf ma critique- mais qui est trèèèès loin d'avoir les mêmes ambitions), TLOTR (c'est bien, mais trop manichéen et trop poétique-prout-prout pour moi)...

En série, j'ai tenté les Roue du Temps et autres Witcher (de beaux fiascos!!)...

Jamais je n'ai retrouvé le début du quart d'une once de l’engouement dans lequel m'avait mis les livres de GOT.

Mais je suis d'un naturel têtu et j'ai donc persévéré en achetant pour les vacances, le premier Tome de cette Saga de Brandon Sanderson, apparemment plébiscitée comme étant un banger.

Et bien, une fois de plus, Hay caramba, encore raté. Ça n'atteint pas à mes yeux la cheville de l’œuvre qu'est ASOIAF.

Après bon, je dis ça, mais nuançons d'emblée (c'est important la nuance, oui.) ; d'une part, ça n'est pas inintéressant ni dénué de qualité (la preuve, j'ai finit les 981 pages du premier Tome, ce qui n'était pas toujours le cas avec les autres...). D'autre part, ce n'est que le Tome 1 ; mon jugement est donc par nature parcellaire.

Cela dit, si je ne compare que les 1er Tomes de chaque œuvre, quel contraste! Pour tout dire, il se passe plus de choses intéressantes dans les 4-5 premiers chapitres GOT que dans l'ensemble du 1er tome de La Voie des Rois!

Parce que c'est lent!! Mon Dieu que c'est lent!!! Mis à part une ou deux exceptions très discrètes (et par ailleurs un peu trop opaques pour être vraiment plaisantes et immersives), l'intrigue entière de ce tome ne se situe que sur deux lieux géographiques différents (la ville de Kharbranth et les Plaines Brisées) et sur deux évènements différents (rencontre Shallan/Jasnah et bataille(s) des plateaux). Oui. Deux. Pas plus. Pour donner une image c'est comme si le Tome 1 de GOT n'avait couvert que le tournoi de port Réal et le mariage de Daenerys et avait laissé dans le flou absolument TOUT le reste....

On a notamment cette bataille des plateaux qui s'éternise ad nauseam, non seulement en vrai (elle dure depuis presque 10 ans dans le récit!), mais également pour le lecteur puisqu'elle couvre tout le tome et ne semble pas prête d'être terminée au moment de la conclusion du Livre.

Sans compter que la crédibilité de cette bataille est assez discutable. Le terrain et les enjeux semblent un poil trop artificiels pour être pris au sérieux (ça fait plus mécanique de jeu vidéo que de bataille militaire concrète, avec ces gemmes à récupérer qui "pop up" à différents plateaux de manière alléatoire). La modalité des affrontement est chelou : je ne comprends par exemple toujours pas pourquoi les Parshendis, qui sont censés être super balèze physiquement au point de sauter au dessus des gouffres en mode Yolo, laissent systématiquement leur adversaires poser des ponts sur leurs plateaux au lieu des les balarguer par dessus bords dès qu'ils accostent?...

On a aussi un délire d'armures magiques qui font un peu Saint Seiya, mais bon, ça à la limite, c'est plus ma faute... J'avais qu'à pas regarder SS étant gosse...

On a un personnage principal qui est un peu trop "classique", un peu trop le brave et preux chevalier sans peur et sans reproche et dont on nous tease un évènement traumatisant super marquant dans son enfance pendant tout le tome sans que celui ci n'arrive jamais, ce qui risque fort, selon mon humble expérience, de provoquer un vilain pétard mouillé quand il adviendra enfin...

On a aussi, un des défaut majeur des auteurs de Fantasy, ce besoin de foutre partout dès les premières lignes, des tonnes et des tonnes d'allusions, de mots étrangers, de formes de magie très spécifique etc. à tel point que c'est rapidement très indigeste pour le lecteur néophyte qui commence l'aventure. Tout est une question de savant dosage. Oui il faut intriguer, oui, il faut introduire, oui, il faut teaser, mais avec parcimonie, progressivement. Pas faire l'éjaculateur précoce (surtout quand c'est pour être aussi lent dans le développement scénaristique passé les premiers chapitres!!). Vraiment, les 3 premiers chapitres, j'ai pas bité un traitre mot de se qui se passait et je pense même pas que c'est parce que je suis trop con, mais je pense que c'est fait totalement exprès.... Et pour moi c'est une faute de gout.

Bon, une fois passés tous ces reproches, il faut quand même accorder certaines qualités à l’œuvre :

C'est plutôt plaisant à lire ; ce n'est ni lourdingue, ni trop maladroit.

Certains dialogues et questionnements philosophiques sont très plaisants à lire (moi qui aime bien lire des réflexions philo, ça me parle).

Il y a tout une aura de mystère qui pousse à vouloir aller plus loin.

Il y a des illustrations sympathiques et des citations intrigantes qui contribue à donner une atmosphère alléchante.

Et puis on sent qu'il y a eu un grand effort pour créer un Univers Original, avec des règles spécifiques (une flore qui s'est adaptée à la météo locale, une répartition genrée des rôles intéressantes avec l'écriture réservée aux Femmes par exemple, des coutumes originales comme leur histoire de "Sage-Main", un univers potentiellement vaste même si pour l'instant trèèèèèèès sous exploité)...

Mais encore une fois (et je m'excuse pour cette incessante comparaison, mais j'y peux rien, c'est comme ça, c'est mon mètre étalon en la matière...), à côté de GOT, l'univers semble immensément moins palpable, moins réel, moins crédible, moins travaillé.

Il y a infiniment moins de personnages intéressants (il n'y en a que 3-4 qui ressortent vraiment de ce tome, et encore!).

Les évènements sont moins crédibles. Moins épiques. Moins marquants.

L'intrigue est pour l'instant beaucoup moins riche.

L'univers est bien moins exploité.

Et si les confrontations verbales sont pour le coup à la hauteur, elles sont plus rares et bien plus forcées que dans les livres de Martin.

Bref, je vais sans doute poursuivre, ne serait-ce que par pure curiosité. Mais ce n'est pas encore ici que je trouverais une œuvre de "Fantasy Médiévaliste" qui arrive à rivaliser, rien qu'un peu, avec la MasterClass qu'est selon moi ASOIAF. Si jamais vous avez des clients à me soumettre, je suis on ne peut plus preneur ;-)