La voix du sang, premier tome de la trilogie Blood Song, est un roman initiatique dans sa structuration. Récit de facture classique, il se révèle diablement efficace.
Si l'on peut songer à David Gemmel à la lecture des grandes lignes, Anthony Ryan, qui se dit influencé par le maître, a su créer sa propre voix... celle du sang.
L'histoire, narrée par le truchement d'un chroniqueur qui écoute le héros raconter sa vie, va se plonger dans le passé de ce dernier. Celui-ci, dès l'âge de 11 ans, est confié au sixième ordre, une structure qui forme des guerriers au service de la foi. Le lecteur va suivre les pas de Vaelin, garçonnet courageux qui, aux côtés de ses camarades, va développer de nombreuses compétences martiales et de survie durant ses années de formation. Parmi les frères qui surmontent les épreuves et ne succombent pas lors de celles-ci, le héros va faire montre de capacités particulières qui vont le mener au firmament du combat. Il y excellera et se taillera une réputation qui dépassera bientôt les frontières du royaume.
C'est donc à une succession d'étapes sanglantes qu'il est donné d'assister au lecteur. Les rebondissements haletants le disputent à une ambiance sombre. Ici, pas de Bien ou de Mal, seulement la noirceur de l'âme humaine, parfois éclairée de compassion. Complots, manipulations, secrets inavoués (et inavouables) émaillent le récit dans lequel est ballotté notre héros au gré des décisions royales. On pourra également souligner la place importante des croyances religieuses et l'intransigeance des adeptes de la Foi vis à vis des autres (les Apostats qui sont persécutés), une réminiscence de nos sociétés, à n'en point douter.
Si la narration n'est pas inédite dans le domaine de la fantasy, elle a le mérite d'être très efficace. Une plume qui se suit avec un plaisir renouvelé à chaque chapitre. A l'issue de ce tome, l'appel du sang nous enjoint d'attaquer sans attendre le second opus.