Simplement humain
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le 11 mai 2013
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Quel temps fait-il dehors ? "Il fait beau", diront certains. Voilà une réponse bien peu audacieuse. Pourtant, la langue que nous parlons n'a jamais cessé de s'enrichir. Il en va de même pour la langue allemande; cela, la jeune Liesel l'a bien compris. L'héroïne du roman de Markus Zusak (2005, OH ! Editions) n'a qu'un seul salut en ce contexte d'Allemagne nazie pour laquelle elle aura de moins en moins d'égards : renouer avec une langue qui aura marqué son abandon face à la société. Un véritable parcours initiatique, qui formera outre le personnage et son entourage, le lecteur et son regard sur le monde.
Le narrateur de cette histoire jouera sur son identité du début à la fin (ne gâchons pas cette volonté...), se désignant par périphrase ("Je suis le plus grand serviteur d'Hitler", osera-t-il énoncer) ou par synecdoque: en effet, en s'intéressant au cas de Liesel , il s'intéressera au parcours de chaque être humain, et ce pour deux raisons:
La première, c'est que la légitimité du narrateur permet un point de vue omniscient sans jamais cependant tomber dans le voyeurisme.
La deuxième raison se situe dans l'âme même des protagonistes: leur humanité fait face à l'absurdité du nazisme; et dans cet environnement, l'humanisme est notre seul refuge: prendre le temps de s'arrêter et de sentir les fleurs malgré tout, prendre le temps de décrire le temps qu'il fait dehors à cet homme qui se cache dans la cave. Liesel prend le temps de vivre et de faire battre le coeur de ceux qui prennent le temps de l'écouter, de l'observer, de vivre à ses côtés...
La Voleuse de Livres renferme en sa narration une poésie qui déchire ses personnages; parfois, des crises de conscience s'effectuent: se réfugier dans l'onirisme littéraire est-il toujours capable de nous faire oublier l'horreur ambiante de la vie réelle? Si Liesel entreprend de lire les livres réservés aux auto-da-fés, si elle se rend illégalement dans la plus vaste bibliothèque de sa ville, ce n'est pas tant pour se protéger dans les univers parallèles qu'elle visite que pour braver à sa manière un système politique qui détruira ses illusions d'un monde meilleur...
En rédigeant son chef-d'oeuvre, Markus Zusak propose un regard critique de l'histoire la plus sombre de l'Homme, sans placer son récit du côté des victimes directes. Ainsi, l'auteur nous indique, par une histoire dramatique mélangeant scènes de vie quotidienne, mort, patriotisme, humanisme, amitié, musique et poésie, que la guerre est une infamie pour tout être doté d'émotions.
Je conseille ce livre à toute personne intéressée par la Seconde Guerre mondiale, à tous ceux que la perte de notre innocence enfantine passionne.
Cinq ans auparavant , Markus Zusak avait réussi, avec Le Messager, à créer, pour un premier ouvrage, un univers fantaisiste, où, à la manière d'un Boris Vian, l'indicible barbarie et l'anecdotique malfrat s'entrechoquent dans un portail joyeusement absurde.
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le 24 janv. 2019
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