Une jeune femme est retrouvée couverte de sang dans un chalet de montagne, à proximité d’un cadavre réduit en bouillie. La suspecte est atteinte d’amnésie. A son chevet, Camille Nijinski en charge de l’enquête interroge le psychiatre sur cette subite perte de mémoire. Celui-ci lui révèle l’histoire que lui a confié sa patiente avant de tout oublier. Sans doute la plus extraordinaire que Camille entendra de toute sa carrière…
Nous voilà en tant que lecteur au même point de départ que Camille qui enquête sur cette mystérieuse patiente, et qui va donc écouter ce que la jeune femme a confié au médecin. Dans ce récit, cinq protagonistes : « la kidnappée », « la journaliste », « la romancière », « la psychiatre », et une cinquième personne non dévoilée qui devrait apporter les réponses à toutes nos questions. Sur les conseils avisés du psychiatre, à l’instar de Camille, et en tant que lectrice assidue, j’ai pris des notes, histoire d’éviter de me perdre dans ce dédale dès les premières pages. Bien m’en a pris, je crois que ça m’a aidé, d’une part à éviter de patauger entre les protagonistes mais aussi à deviner certaines choses. Une histoire pas si longue que cela mais « complexe et extraordinaire » assurément !
Une structure de récit aux ramifications si complexes que l’on a au final l’impression d’être un pion sur un jeu d’échec que Mr Thilliez manipule à sa guise. Pris dans les mailles du filet, le lecteur ne peut que lutter pour tenter de garder la tête hors de l’eau. Laissez vous porter par la succession de chapitres mais gardez à l’esprit chaque personnage et ce qui lui arrive. Ne perdez pas le fil d’Ariane! N’emmenez pas ce livre à la plage, Labyrinthes n’est pas un roman à lire le ciboulot ramolli par le soleil!
Labyrinthe est une annexe au Manuscrit inachevé, qu’il n’est pas obligatoire d’avoir lu, mais on risque tout de même d’être perdu si on ne sait pas qui est Caleb Traskman. Franck Thilliez explore de nouveau les thèmes qui lui sont chers: les troubles de la mémoire, les maladies mentales (entre autre la schizophrénie paranoïde, dont souffre son personnage fétiche Franck Sharko). C’est un peu un concentré de son univers que l’on retrouve dans ce roman. J’ai lu récemment le Syndrome [E], le parallèle est évident avec la découverte d’un film aux images très violentes. De même son intérêt pour la violence dans l’art que l’on trouve dans Il était deux fois, est de nouveau approfondi. Il évoque également le transhumanisme présent dans LUCA. Ces thèmes nourris jusqu’à l’obsession sont explorés sous toutes leur coutures et rares sont les auteurs à le faire si brillamment. Personnellement je ne m’en lasse pas, et je suis à chaque fois totalement bluffée par les intrigues. Dans ce roman, j’ai tout d’abord trouvé l’entrée en matière abrupte et les personnages peu développés, c’est inhabituel et cela m’a dans un premier temps déroutée, et puis après la lecture complète du roman j’en ai compris la raison bien évidemment. Je n’ai absolument pas vu venir le dernier chapitre et c’est une nouvelle fois, conquise et abasourdie que j’ai refermé ce roman en m’extasiant devant le génie de l’auteur!