En tant qu'avocat, je te conseille de lire ce chef d'oeuvre psychédélique.
Définitivement inclassable.
L'histoire de base ne tient déjà pas la route et pourtant, on va essayer de résumer. Raoul Duke aka le Dr Gonzo aka Hunter S. Thompson, l'écrivain de ce livre, est un journaliste payé par un magazine pour assister à une course mythique en plein désert à Las Vegas. Accompagné par son acolyte, Horatio Alger, au passage avocat du bonhomme, les deux hommes se présentent à nous très rapidement sous la forme de deux mecs défoncés 24/24H.
Le but de leur voyage n'est qu'un prétexte à une défonce phénoménale. Les deux hommes ne sont pas simplement bourrés, ils ont dans leur valise tout ce qui existe en matière de drogue aux USA dans les années 70 : "deux sacoches d'herbe, soixante-quinze pastilles de mescaline, cinq feuilles d'acide-buvard carabiné, une demi-salière de cocaïne, et une galaxie complète et multicolore de remontants, tranquillisants hurlants, désopilants... sans oublier un litre de tequila, un litre de rhum, un carton de Budweiser, un demi-litre d'éther pur et deux douzaines d'ampoules de nitrite d'amyle."
Ce qui marque, dans ce récit, c'est la véracité des propos. Thompson décrit avec exactitude les effets de chaque drogue, les bons comme les mauvais. Il devient paranoïaque, invente des histoires et joue à des jeux dangereux avec son acolyte. On se demande même parfois si ce qu'il raconte s'est bien déroulé. Le sait-il vraiment ? Les événements qu'il affronte sont invraisemblables mais totalement plausibles, surtout à Las Vegas. A vrai dire, c'est ce qui fait la force du récit. Les chambres d'hôtels saccagées, les hallucinations, les rencontres inoubliables, les courses-poursuites.
Le pire dans tout ça, c'est qu'il y a des chapitres cultes dans lesquels une certaine lucidité émerge de la folie de l'écrivain. Le chapitre 8 de la première partie en est un bel exemple. Thompson y explique avec une certaine nostalgie la vague de drogue arrivée fin 68 à San Francisco. Il y explique pourquoi le mouvement hippie est né et comment il a vite disparu.
Il y a bien sûr d'autres perles disséminées ici et là, cachées parfois. Comme ce moment où Thompson attaque Darwin en expliquant qu'il n'a pas tenu compte des drogués dans son principe d'évolution et d'adaptation (les déments temporaires). J'en passe bien sûr, il y a tellement de choses que j'ai noté.
Las Vegas Parano est donc une œuvre unique, à lire absolument. Qu'on s'y connaisse ou non en drogue, que vous ayez ou non vu le film, il y a des choses à lire et à analyser dans ces pages. Même si ça peut paraitre imbuvable parfois.
Respect Mr. Thompson.
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