L'Hécatombe révélée

Suite on ne peut plus direct du tome 1, maladroitement découpé, ce tome 2 poursuit les aventures de Plautine et de Othon.

Ainsi, pour rappel : dans le futur, suite à l'Hécatombe, l'Humanité a totalement disparue, laissant derrière elle les Intelligences Artificielles pour s'occuper et protéger son empire. Ces mêmes intelligences que l'humanité avait bridé avec le carcan afin d'éviter qu'elles ne se retournent contre elle se voient prisonnières et piégées par cette situation imprévue. Devant toujours servir les intérêts de leurs défunts maîtres sans pouvoir combattre les autres espèces biologiques intelligentes (concernées par extension par le carcan) ou bien sombrant tout simplement dans la folie d'une situation non prévue par leur programmation. Dans ce contexte, l'IA Plautine détecte un signal ravivant l'espoir de survivant humains. Son ancien allié Othon la rejoint alors qu'elle se fait attaquer, malheureusement l'IA Plautine ne survivra pas, laissant derrière elle une copie d'elle-même sous la forme d'une créature biologique.

Ce tome 2 commence donc par le retour d'Othon dans l'Urbs, l'empire des IA, dont il avait été exilé depuis plusieurs centaines d'années. Le roman va alors suivre 3 directions principales simultanément : la quête du dernier humain, la quête des machines pour se libérer du carcan et l'enquête pour découvrir la vérité sur l'Hécatombe. Le deuxième point est particulièrement intéressant, l'arrivée dans l'Urbs permet de découvrir une société d'IA où chacune a ses propres objectifs personnels... mais dont la case libération du carcan est quasiment obligatoire. Poursuivant sa psychanalyse, Lucazeau met en place des complots et alliances politiques au sein des IA à l'image de leurs anciens maîtres. Nous voyons également toute la dérive et la folie plus ou moins prononcée qui s'est emparée de cette société qui n'était pas prévu pour vivre sans humains. Même si le but global de toutes les IA reste de servir l'Humanité et de se libérer du carcan, les différentes méthodes et objectifs personnels derrière sont différents et variés. Si certaines IA restent raisonnable on côtoie des mégalomaniaques, psychopathes ou tout simplement des fous. Othon n'étant pas des plus sains non plus car avide de gloire personnel.

Mais cette quête de liberté ne se résume pas aux IA. En effet, Plautine va mettre un peu de son grain de sel dans la nef d'Othon, chose qui va amener les hommes-chiens à vouloir devenir une race totalement indépendante d'Othon et ses serviteurs. Cela nous permet d'approfondir les personnages de Photis, Eurybiades et Atticus. Pour ce dernier on développe un véritable côté maternelle envers ses créations, aspect qui rentre en parti en conflit avec le carcan puisque s'il aide "trop" ses hommes-chiens adorés ces derniers deviendraient une menace pour l'Humanité...

La quête sur la vérité de l'Hécatombe se déroule comme une enquête policière en s'appuyant principalement sur les flashbacks de la petite Plautine. Cette dernière étant une incarnation biologique avec la mémoire de l'IA des évènements datant de l'époque où elle n'était pas encore une nef spatiale. Cette enquête sème les éléments méthodiquement pour arriver à une conclusion logique mais pas forcément des plus prévisibles (du fait de l'introduction de plusieurs candidats potentiels).

Bien que relâchant un peu le défaut du premier tome d'être gorgé de terme grecs inutiles (rassurez-vous, vous en aurez toujours, mais dans une proportion un peu plus raisonnable), ce tome 2 souffre d'un autre problème : le rythme. Ainsi la première partie dans l'Urbs tire bien trop en longueur à cause d'alliance/complots politiques des IA qui sont au final assez plat et vite expédié. On nous introduit des personnages pour les lâcher un peu trop vite (simplement en les oubliant ou bien en les détruisant). Ce côté introduction de personnages qu'on relâche vite se retrouve tout au long du livre, des personnages enrichissant et approfondissant l'univers avec des potentiels intéressant (Anaximandre, Achinus, Allecto, Vinius, Plutarque...) mais qu'on lâche trop vite. Le reste va enchainer des passages dans des lieux et situations qui seront traités soit à la va vite, soit en mode deus ex machina... ce qui n'empêche pas certains de ces passages d'être purement inutile de surcroît. Les visites sur Mars (deus ex machina) ou sur Europe (inutile) en sont des exemples marquant.

La conclusion finale est bien trouvée. Amenant une véritable fin, elle est également suffisamment ouverte pour permettre le développement de suites sur différents protagonistes. Les différents éléments apportés concernant l'histoire de l'Humanité entre la naissance de la première IA et l'Hécatombe offrent également une porte ouverte pour une pré-quelle plus détaillée. Au final une bonne conclusion, conservant les qualités du premier tome tout en devenant plus agréable niveau lecture (au prix peut-être d'un peu plus de classicisme).