J'ai une affection toute particulière pour l'antiquité, ses récits mythologiques et épopées.
C'est donc avec gourmandise que je me suis plongée dans Lavinia qui bien qu'écrit très récemment développe le récit d'un personnage féminin de l'Énéide dont on sait finalement peu de chose.
Ursula Le Guin crée donc l'essentiel, et décide de faire parler son personnage à la première voix en essayant de coller au plus près de l'époque comme on la connait. C'est donc très documenté, comme le confie l'auteure en fin d'ouvrage mais surtout très romancé !
Les premières pages sont assez déroutantes, Lavinia n'est qu'un souvenir à peine effleuré et sans l'intervention de Virgile l'Histoire l'aurait oubliée. Elle s'adresse donc au poète avant de rassembler ses souvenirs et de commencer son récit. C'est à la fois symbolique et poétique mais pour une entrée en matière la sensation est de prime abord assez étrange. On comprend cependant par la suite le lien particulier entre le poète et l'héroïne.
On plonge ensuite très rapidement dans le monde de Lavinia, le décor tout comme l'ambiance s'instaurent avec naturel et une certaine authenticité. Les croyances de ce peuple pré-romain également, et elles prennent toute leur importance par la suite.
De l'enfance jusqu'à sa mort, on suit Lavinia qui va traverser bien des épreuves sous le signe des Dieux et de l'amour. Celui d'une prophétie tout d'abord qui va la lier à Énée, et l'amour de son fils ensuite qui va la pousser à aller à l'encontre les coutumes et des hommes.
Ursula Le Guin dresse donc le portrait biographique romancé d'une véritable héroïne, à la fois antique et moderne par bien des aspects tout en plongeant son lecteur dans l'ambiance si particulière de l'épopée mythologique.
Reste que pour moi ce commencement m'a perturbé et que les échanges entre Virgile et Lavinia ont parfois entaillé toute l'authenticité que je pouvais trouver dans le reste du récit.
Je me suis malgré tout attachée au personnage et à cette ambiance, tout comme à l'écriture sensible et précise de Le Guin..