Lazaret 44
7.8
Lazaret 44

livre de Julien Heylbroeck (2022)

Les p'tites bêtes mangent pas les grosses, vraiment ?

Voilà un roman que je qualifierais d'organique.

Le récit se déroule dans la cité de Karkasstadt, une agglomération un peu particulière puisqu'elle est implantée directement dans la dépouille d'une gigantesque bête stellaire, venue s'échouer sur une lointaine planète. or, les fluides corporels, organes et tissus de la dite dépouille valent une fortune sur le marché galactique, puisqu'elle servent de base à tout un tas de médicaments miraculeux.

Car l'autre particularité de l'univers de ce roman, c'est aussi l'omniprésence des maladies, la plupart d'entre elles ayant d'ailleurs été introduites par les semblables de la bête abritant Karkassstadt.

Le monde dépeint est donc sans grande surprise sale, pour ne pas dire dégueulasse, la cité étant baignée de miasmes, jonchée de détritus, et constamment sous la menace d'une inondation par les fluides émanant de la carcasse en décomposition.

On sent l'influence qu'à eu Perdido Street Station, de China Miéville sur l'écriture de Julien Heylbroeck (un extrait du roman est même cité en préambule de Lazaret 44) et le côté poisseux de Karkasstadt y fait clairement penser.

Côté récit, on a affaire à un récit choral, dispatché entre six personnes : un médecin fraîchement arrivé en ville, une représentante d'une grande guilde galactique de pharmaciens, un échevin de Karkasstadt, le gouverneur de la cité, un habitant que la maladie a fait muter et une entrailleuse (personne partant tailler dans la carcasse, comme nos mineurs allaient à la mine) décidée à obtenir de meilleures conditions de travail.

L'intrigue est bien ficelée, très prenante, et réserve son lots de surprises plus ou moins prévisibles sur fonds de luttes politiques et de conflit social (très énervé le conflit social).

Petit bémol : un nombre assez conséquent de coquilles dans le texte, qui viennent régulièrement perturber la lecture et/ou agacer le lecteur.

Mais sans cela, on a là un très bon roman de SF, qui réussit merveilleusement bien à rendre la laideur et la poissitude (oui, on invente des mots ici) de Karkasstadt, et qui est à la hauteur de son illustre inspirateur : Perdido Street Station.

Une lecture fort recommandée donc, pour les personnes au cœur bien accroché.

Math_le_maudit
8
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le 2 oct. 2022

Critique lue 67 fois

Math_le_maudit

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