Au 210e jour, à compter du début du printemps et en pleine saison des typhons, deux amis, Kei et Roku, entreprennent l'ascension d'un volcan toujours en activité, le Mont Aso. Confrontés à des conditions extrêmes - pluie, vent, fumée et cendres - les deux compères, inconscients, à la limite de l'absurdité, progressent péniblement ; arriveront-ils seulement au sommet ?
Le cratère du volcan gronde et pourtant, Kei et Roku bavardent bien plus qu'ils ne marchent. Ils dissertent même, dans un long dialogue, sans interruption, passant du coq à l'âne. Des sujets de conversation futiles, cocasses, excentriques et parfois, graves, le tout saupoudré d'une bonne dose de candeur. Ils refont le monde, autour d'une assiette d'udon, accompagnée d'une bouteille d'Ebisu. Les marchands de tofu, le bruit du marteau du maréchal-ferrant, les voisins de l'auberge masquent, en réalité, incertitudes, angoisses et autodérision. Un duo ridicule, loufoque mais attachant ; un tête à tête décousu, une rêverie légère presque émouvante.
Dans Oreiller d'herbes, Sôseki décrit avec beaucoup de poésie la retraite d'un peintre dans une auberge. Le 210e jour, écrit juste après, constitue, en quelque sorte, son pendant ironique, léger et absurde.
A lire après avoir découvert les "classiques", et en particulier Oreiller d'herbes, pour apprécier les libertés formelles prises par l'auteur.