Il vient de m'arriver quelque chose d'extraordinaire. Inattendu. Imprévu. Presque surnaturel.
Je viens de lire un roman de Maxime Chattam.
Et je me suis fait chier (désolé pour l'emploi de termes vulgaires, mais il n'y en a pas d'autres pour décrire ce que j'ai ressenti alors).
Pourtant, jusqu'alors, le Maxime, c'était une valeur sure. Des romans de 500 pages engouffrés en trois nuits. De l'horreur, du glauque, du morbide. Inventif, rapide. Un régal.
Mais là...
Reprenons. Le 5ème règne est le deuxième roman à être publié par Chattam (après L'âme du mal), mais il est paru sous le pseudonyme de Maxime Williams, avant d'être finalement ré-édité sous le nom de Chattam (succès oblige). Pourquoi ce pseudo ? Chattam, dans une préface de 2006, explique que Le 5ème Règne est très différent de L'âme du Mal. Je confirme.
L'idée est fort bonne. Le 5ème Règne est un roman d'ados, dont les personnages principaux ont environ une quizaine d'années. Chattam revendique clairement ses influences : le Stephen King du Corps (la nouvelle qui a donné l'excellent film Stand By Me), Mark Twain, des films comme Les Goonies, etc. Que du prometteur.
Et, en effet, nous voilà plongés dans les aventures d'une poignée d'ados d'une petite ville de Nouvelle Angleterre, Edgecombe. Un grimoire secret, un séance de spiritisme qui tourne mal, des sorciers qui paraissent immortels, des démons aux yeux rouges, tout est présent pour passer un bon moment.
Et pourtant, ça foire. D'abord parce que c'est vraiment mal écrit. Mon petit cœur de prof de français a sévèrement morflé à la lecture du roman. Normalement, les maisons d'édition emploient des personnes chargées de corriger les fautes des écrivains (qui ne connaissent pas tous les subtilités de la langue française, il faut bien l'avouer). Eh bien, j'espère que les éditions qui ont publié ce roman ont sévèrement puni leur correcteur en lui offrant un poste au cœur de la centrale de Fukushima.
Ceci mis à part, il faut reconnaître que j'ai beaucoup de mal à croire que c'est le même Chattam qui a écrit ce roman. Lui qui, d'habitude, sait nous happer dès les premières pages, se transforme ici en un laborieux chroniqueur de la vie de banlieue. Ses chapitres, qui normalement ne dépassent pas les cinq ou six pages, sont ici interminables (entre 20 et 30 pages en moyenne), ce qui ralentit considérablement le rythme. Chattam abuse des effets de style (comme le double montage, permettant de montrer deux actions qui se déroulent en parallèle) en croyant créer du suspense, mais tout tombe à plat. Il ne réussit pas à instaurer une atmosphère propice au surnaturel. Bref, tout foire.
Et c'est sans compter sur les personnages. Gentils ados ou méchants sorciers, ils sont tous tellement insignifiants que, finalement, on se contrefout de ce qui peut bien leur arriver. Qu'ils s'amusent ou qu'ils soient en danger, on observe leurs agissements avec une indifférence monumentale. Et c'est là finalement le défaut majeur du roman : il n'est pas désagréable, il est juste vide. Comme s'il ne se passait rien. Tout glisse dans l'indifférence la plus absolue. Et quand ça dure plus 500 pages, ça devient presque un calvaire.
Rendez-moi mon Maxime Chattam !!!