Incontinent la dérive

Pennac serait-il un comte in ? Nan ! C’est fini, le talent se dérobe, l’écriture c’est fini, tu me fais de la peine, accusé-je après la lecture de ce récit à la dérive, pas une moitié de continent, à peine une péninsule, ou une peine insultante pour le lecteur épris de la liberté naguère chérie par toi, Pennac. La peine accentuée après le naufrage, ça coule, ça coule, écoper ne suffit plus… Incontinent, va !

Car ce livre retrouvé au hasard, obtenu par nous lors d’un quelconque anniversaire ou Noel, je ne sais plus, le voilà qui ressurgit, épave ignorée qui n’attendait que des lecteurs impatients de replonger dans le plaisir de nager à nouveau avec un auteur naguère apprécié. Que ne fut pas la déception !

L’ouvrage comprend une nouvelle suivie d’une pièce de théâtre. La nouvelle, qui nous plonge en plein dans un service d’urgence, n’est pas dénuée d’intérêt, sans pour autant être passionnante. Pennac essaie d’être drôle, en décrivant un médecin autant intéressé par sa carte de visite que par son métier. Sa présentation des différents spécialistes essaie d’être originale, mais ça tombe à plat, d’autant plus qu’il nous met en face d’une succession de péripéties qui devient vite lassante, bien que l’ensemble soit lu rapidement. C’est décevant, mais ce n’est manifestement qu’un amuse-gueule, un petit texte pour épaissir un bouquin pas bien gros dont le cœur pourrait être un nouveau continent, rien de moins !

Hélas, si la question du sixième continent évoqué régulièrement dans l’actualité n’est pas sans intérêt, l’histoire de la famille narrée ici est tout bonnement plate, et si je n’ai pas respecté une des libertés énoncées par Pennac dans l’excellent Comme un roman, celle de ne pas finir un livre, c’est bien parce que j’étais littéralement atterré par la médiocrité de ce récit haché par des didascalies bien lourdes ; je ne pouvais y croire, quelque chose allait bien survenir pour me rassurer et donner de l’intérêt à cette lecture bien ennuyeuse. Je n’ai persévéré parce que c’était bien court, mais malheureusement, aucune surprise à part quelques (faciles) bons mots, non, c’est mauvais et sans intérêt… Non, ce soir, je peux le dire, ce sixième continent, ce n’est pas Malaussène égalé…