En débutant ma lecture, j'ai été heureuse de bien connaître la Suède et particulièrement sa côte ouest, déchiquetée et parsemée d'îlots sur lesquels, tels des champignons, poussent les minuscules cabanes des pêcheurs, enduites du caractéristique rouge de Falun. Cela m'a permis de mieux me représenter l'environnement de cette histoire hors du commun ; si j'avais dû compter sur la seule plume de Selma Lagerlöf pour faire naître dans mon imagination les paysages où évoluent ses protagonistes, je n'aurais peut-être pas été aussi saisie par sa narration tant son style est épuré, concis et direct.
Difficile de résumer ladite histoire d'ailleurs. Dans une atmosphère lourde, aux accents dramatiques, l'auteur, première femme à qui le Nobel de littérature a été décerné (en 1909), nous transporte avant la Première Guerre mondiale dans son pays natal pour nous narrer, à la façon d'un conte philosophique, du moins c'est ainsi que je l'ai ressenti, le long chemin de souffrance d'un jeune homme victime d'une injustice et condamné à quêter auprès de la société une rédemption qui semble totalement inaccessible.
L'auteur nous fait toucher du doigt la spiritualité luthérienne étroitement liée aux mœurs d'un peuple campagnard qui semble avoir enfoui la miséricorde divine sous le confort domestique et les conventions sociale et que seule l'horreur de la guerre ramènera sur la voie de l'amour universel.
Dit comme cela, j'ai conscience que je ne vous apprends pas grand-chose sur l'oeuvre et que je ne vous donne peut-être même pas très envie de tenter l'aventure. Ce serait dommage ; je suis navrée d'échouer à synthétiser un récit à la fois simple et puissant, très complexe derrière un extérieur très humble.
Déjà, un bon point pour l'auteur, son récit ne ressemble à rien de ce que j'ai déjà pu lire. A travers un portrait sans concession et quasi exhaustif des passions humaines, Selma Lagerlöf emmène son lecteur à travers les destinées croisées d'une poignée de personnages que le lecteur s'étonnera de plaindre ou de rejeter avec une singulière violence.
Une très belle surprise dans le cadre du challenge NOBEL.