« Pourquoi personne n'apprend aux hérissons à traverser la route ? Tout le monde s’en fout ou quoi ? »
Jules se pose cette question après en avoir vu un « écrabouillé sur l’asphalte ». Faisant le parallèle avec son petit frère Léo, un bébé dont ses parents, restés des ados attardés, sont incapables de s’occuper, Jules se promet de lui apprendre tout ce qu’il sait pour que jamais il ne soit livré à lui-même.
Le tour de force de Mathis ? Parvenir à vous laisser sur le carreau en à peine quarante-cinq pages, avec une justesse qui force l’admiration. Le tout sans effet de manche ni d’arguments tire-larmes et sans porter le moindre jugement.
Et puis il y a cette dernière scène inoubliable, sans doute la définition la plus pure de ce qu’est la fraternité. La fin a d’ailleurs l’intelligence de n’offrir aucune solution concrète. On se doute que l’apaisement n’est que temporaire et l’on referme ce formidable texte la gorge serrée en se disant qu’il ne faut parfois pas grand-chose pour être bouleversé.