Faulkner à vif
Par un de ces faux hasards dont la Destinée est friande, il fallait donc que le Bruit et la Fureur sorte en 1929, l'année de la Grande Crise. Voilà qui ne pouvait pas mieux tomber, pour ce roman qui...
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le 25 nov. 2011
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Avertissement : lire attentivement la préface avant toute aventure dans le roman. Pour la liste des personnages, paradoxalement pas si nombreux : il y a 2 Quentin (oncle et nièce) et 2 Jason (père et fils). Pour comprendre la structure : le roman comporte 4 chapitres. D’abord le récit par Benji, attardé mental, membre de la fratrie, puis celui de Quentin, le frère amoureux jaloux de sa sœur Caddy, puis les ruminements de l’exécrable Jason, le 3ème frère, et enfin le dernier mouvement à la structure narrative plus classique.
Pour cette chronique d’une famille blanche du sud tombée dans la fange, arrivée au bout, marquée par l’hérédité et entourée de ses domestiques noirs, Faulkner dit avoir voulu faire du personnage de Caddy le personnage central. Elle l’est mais on ne la saisit jamais vraiment. Elle apparaît dans quelques dialogues, mais c’est surtout dans les pensées confuses et enfantines de Benji, les obsessions de Quentin et la persécution de sa fille par Jason qu’elle est omniprésente.
On saisit d’ailleurs à la fois peu de choses et tant de choses dans le tourbillon des deux premières parties qui enchaînent les scènes de dialogues, les réflexions intérieures et les flash back. A la fin, il m’a d’ailleurs fallu relire les deux premières parties pour saisir toutes les subtilités - ça m’apprendra à faire l’impasse sur la lecture préalable de la préface (l’intérêt de lire quelques pages d’une partie destinée à éclairer le lecteur, avant de se jeter dans un roman, n’est pourtant pas compliqué à saisir).
Faulkner joue avec l’expression des pensées des personnages : il les répète, les ampute, les laisse inachevées, les reprend plus loin afin de retranscrire de façon brute les obsessions des personnages. Il a aussi la science de glisser incidemment au milieu d’un dialogue, en apparence bavard, un détail, une courte réflexion qui permet de prendre toute la mesure du récit.. Enfin, Faulkner ne s’encombre pas de la courtoisie de préciser la date des scènes ; les aller-retour dans le temps sont incessants. C’est à la fin que le puzzle est complet et que le bruit et la fureur se dissipent quelque peu...
Créée
le 7 août 2020
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