Au début du vingtième siècle dans le sud des États-unis, vit une famille contre laquelle le sort semble s'acharner : les Compson. Nous suivons les déboires de trois générations, les parents : Miss Caroline, toujours malade et anxieuse et son mari Jason sénior brutal et alcoolique. Leurs enfants : Caddy et Quentin, les inséparables, Jason jaloux mais intelligent, et Maury, qui sera plus tard nommé Benjamin car sa mère espère ainsi faire fuir le mauvais œil (son oncle s'appelant lui aussi Maury), il ne sait pas parler et communique en pleurant et en gémissant. Celui ci est confié à l'un des serviteurs "nègres" de la maison, Luster, qui s'en occupe tant bien que mal ; la matriarche, Dilsey est la seule qui semble dotée de raison et de patience dans tout les habitants de la propriété. A l'âge adulte, Caddy accouche d'une petite fille qu'elle nommera Quentin en souvenir de son frère disparu, elle en laissera la garde à ses grands-parents et promettra de ne plus la voir, en grandissant elle héritera du caractère rebelle et volage de sa mère. Caddy et son frère ont eu une relation incestueuse, qui a rendu ce dernier fou, il finit par aller se noyer dans un lac pendant ses études à Harvard. Le roman commence à ce point là de l'histoire familiale, et elle est contée du point de vue de Benjamin. Lui aussi était épris de sa sœur, est quand il entend les joueurs de golf du terrain jouxtant leur propriété, prononcer le mot "caddie", il se met à crier et Luster ne peut plus le calmer. N'ayant pas de notion du temps, son récit alterne entre des souvenirs d'enfance et des moments de présent sans coupure puisque pour lui ils sont aussi palpables les uns que les autres. Le sort n'en a pas fini avec la famille Compson, caprices du destin ou faiblesses d'éducation, la frontière est difficile à tracer.

Le titre du roman a été tiré d'une citation de Shakespeare dans Macbeth : "C'est une histoire contée par un idiot, pleine de bruit et de fureur, qui ne signifie rien." Ce qui est en quelque sorte, un résumé de la première partie du livre. Et pour certains une métaphore de notre vie entière. Le roman est composé de quatre parties, choix original quand on connait le goût des artistes pour tout ce qui concerne le chiffre trois. La première est donc narrée par Benjamin, attardé mental, et écrite d'un point de vue intérieur puisque le narrateur ne sait pas parler, elle ne comporte aucune marque temporelle, la seconde, elle en regorge, car Quentin fait une véritable fixation sur le temps et d'ailleurs sur l'eau dont la symbolique y est fortement liée, elles se font écho. La troisième partie nous est contée par Jason fils, nouvel homme de la maison et véritable tyran, et la dernière n'a pas vraiment de narrateur attitré, elle est vue d'un point de vue omniscient cependant fixé alternativement sur Dilsey, ange gardien de la maison puis Jason, son antithèse. Le style est excessivement difficile, entre les personnages psychiquement malades, et les sauts temporels, il y a des longs passages marqués par une absence totale de ponctuation, et Faulkner, pour rendre plus vraies les pensées des différents protagonistes enlève des mots pour rendre une vie intérieure fragmentaire. C'est très inconfortable au premier abord. Mais il faut remercier l'excellent traducteur de cette version qui a fait une préface superbe, pas très longue qui donne toutes les clefs pour lire cette œuvre sans devenir fou, même si l'on perd un peu en surprise. La psychologie des personnages est géniale, je me souvenais encore de ce moment où Quentin rentre chez un horloger et demande si une montre est à la "bonne" heure. Il éprouve une véritable terreur de voir tant de montres marcher chacune à son rythme sans avoir de point de repère, chacune dans son mensonge. On se perd parfois dans les divagations des deux premiers narrateurs, mais.. Quelle œuvre fantastique et intelligente, c'est ma préférée de Faulkner et une de mes préférées dans l'absolu. Si vous n'avez pas le courage de vous attaquer à ce gros morceau, mais que vous avez l'estomac de lire du drame Faulknerien essayez donc Tandis que j'agonise, cru mais efficace dans la pure prose du sud.
Diothyme
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le 21 févr. 2011

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Diothyme

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