Critique de Shaynning
Second opus de la série qui a gagné le Prix des Libraires du Québec dans la catégorie BD étrangère, "L'ombre de l'oiseau" est plus sombre et profond, mais prend place dans un monde plus élaboré,...
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le 23 oct. 2022
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Troisième opus de la série de Seth Seppi, jeune sorcier qui se découvre un potentiel magique et qui a un petit talent pour les enquêtes magiques, je me retrouve donc à le lire en premier. Ma faute. Mais ce n'est pas spécifié sur le roman que nous avons affaire au troisième. Ceci-dit, après lecture, le lire en premier n'est pas infaisable. Mais il nous manque tout-de-même le parcours de Seth, de son statut initial de non-sorcier vivant à l'Hotel de la dernière chance, à ici, avec ses alliés et ses difficultés à maitriser ses dons. Pour cette raison, je suggère fortement de lire la série en ordre.
Alors qu'il débarque au village de Gamevillie, lieu où il va amorcer son apprentissage de sorcier, Seth doit attendre son amie Angélique au café Fantastibulicieux ( un nom très inspiré de Marry Poppins, vous ne trouvez pas?) où il découvre même quelques apprentis sorciers. Les choses prennent un tournure dramatique quand on découvre que la jeune fille qui dormait à l'un des tables extérieure est très probablement morte. Et ce n,est que le début de multiples attaques contre des apprentis-sorciers, qui sombrent alors dans un sommeil proche de la mort. Entre-temps, Seth est envoyé chez mademoiselle Esther Nithée ( jeux de mot!), sorcière supposée le former à la remédologie , la magie des remèdes. Mais cette dernière est souvent absente et son actuelle apprentie, Prune Enjouay ( tout sauf enjouée) réagit très mal à sa venue. Seth va donc espérer apprendre avant la fin du mois ce qu'il faut pour passer l'Épreuve censée l'introniser au monde des sorcier, tout en faisant son enquête sur les apprentis victimes d'une sinistre magie.
Ce roman contient pleins de choses très intéressantes, mais quelques petits trucs m'ont aussi asticotés.
Le début m'aura un peu malaisé avec sa ressemblance troublante avec le roman "Harry Potter". Un jeune homme maigre aux cheveux noirs accompagnant un sorcier dans un bâtiment coincé entre deux autres, sous façade trompeuse de confiserie pour trouver un portail magique menant dans une allée...c'est moi où c'est à peu de choses près la scène de Harry et Hagrid entrant au Chaudron Baveur pour aller emprunter le Chemin de traverse? Surtout que le lieu en question avait des airs de Honeyduke...bref, malaisant de trouver ce genre de scène troquée. De manière générale, je sens que ce roman est inspiré de la célèbre saga, mais ça ne me plait pas particulièrement.
J'ai trouvé que les dialogues manquaient parfois de fluidité, comme si certaines réponses n'allaient pas avec la réplique antérieure ou alors que la personne qui parle n'est pas désignée. Elles manquaient aussi de naturel, un peu "hachées".
Bon sang que je trouvais Seth procrastinateur! Il avait de petites tâches à faire maintes fois répétés par les autres personnages, mais il a fallut qu'il les fasse commodément toutes à la fin, quand le punch final se révèle. Ça manquait de répartition: tout s'est pour ainsi dire passé et découvert à la fin au lieu de nous donner de quoi se mettre sous la dent au fur et à mesure, préférant nous livrer beaucoup de scènes de magasin et de conspirations entre ado. Et Seth a tout comprit en une seule fois, sans même avoir de solides indices. Il avait beaucoup de répétitions, aussi.
Et certaines scènes manquaient de cohérence: celle de la liste des ingrédients, où Filament s'est montré très accommodant en offrant des ingrédients directement à la concurrence ( les apprentis de madame Nithée, Seth et Prune ) sans même les faire payer ( hein?) et cette scène où Mme Loyal, sorte de "grande patronne des sorciers" a voulu acheté un flacon sur une étagère, mais la patronne de la boutique lui a refilé le même produit de dessous le comptoir-caisse. Même moi qui ne suit pas ministre trouverait ça TRÈS suspect de me faire refiler un truc de dessous-de-comptoir. Des trucs à cacher, madame la vendeuse? Ces deux exemples illustrent que parfois, les actions des personnages sont étranges et questionnables, mais que cela ne semble pas préoccuper les héros outre mesure. C'est embêtant parce que ça me fait relire quinze fois un passage parce que je comprend pas la logique de leur action et je pense avoir raté un truc...mais non.
Dans les trucs intéressants, il y a les magasins et leurs drôles de produits, le physique des personnages - sauf Seth, très commun - le plan de l'assassin, assez bien trouvé et le fait que Seth soit toujours ramené à son héritage sinistre alors qu'il a un si bon fond. Ce flou entre "intention" et "type de magie" était intéressante, car il ouvrait la porte au fait que la magie noire pouvait aussi tirer sa source de bonnes intentions. Aussi, le thème de fond, celui de la consommation de cosmétique, est pertinente, car on navigue sur ses enjeux éthiques .
Je me demande pourquoi l'autrice a donné ce titre au troisième tome, parce qu'on ne s'y trouvera que deux fois à peine dans le récit. L'essentiel de l'action se déroule dans la boutique d'Esther Nithé ou dans celle de Calamus. Un titre pas très pertinent. Les noms des chapitres m'ont énervé, car trop évocateurs, de vrais divulgâcheurs!
Le concept de magie de cet univers est particulier. On a l'impression que la magie manque, que le peu de sorcier et sorcière sont méchants les uns envers les autres, surtout les ados. Le moindre petit truc "magique" est considéré "faire de la magie", comme faire une potion. C'est un peu non-instinctif: faire une potion requiert donc quelque chose de plus que dans les autres romans sur la sorcellerie ou n'importe qui peut faire des potions ( c'est comme faire une soupe), mais pas ici. Et il n'y a pas d'écoles de sorcellerie, les jeunes ayant le potentiel magique nécessaire, qu'ils soient issus de familles de sorcier ou de moldus...heu...de non-sorciers, sont appariés avec des sorciers en fonction selon leur "affinité".
Côté personnages, je dois dire que j'ai eu du mal. La plupart sont mesquins et un peu dérangés. Les ados sont des teignes, qui se font des coups pendables, sans la moindre solidarité par égard pour leur nombre restreint et leur monde magique en péril. Ça ne colle pas. On nous explique que c,est surtout par compétition, mais ça rend l'atmosphère lourde, toxique et on ne peut pas se fier au moindre personnage pour aider notre héro, en dehors des alliés des tomes précédents. Seth, pour sa part, est bonasse, gentil, fait facilement confiance et confronte rarement la bonne personne - et pourtant, on nous dit à au moins cinq reprises qu'il sait ne pas faire confiance aux bonnes personnes. Allume, Seth! Ce qui peut être charmant, mais aussi un peu exaspérant, surtout avec Prune, d'une violence gratuite incroyable. Personnellement, et pour avoir lu moult séries jeunesse de sorcellerie, cet univers m'a semblé effrayant: c'est le seul où je voudrais même pas y mettre un orteil!
Mais comme la plupart des romans de sorcellerie du genre, on a quand même un certain niveau de créativité sur les noms, les objets, les lieux et les diverses magies possibles. En cela, c'est fascinant.
En somme, je dirais que j'ai peut-être bloqué au début en raison de cette similarité dérangeante avec le roman d'Harry Potter, mais le reste a plutôt bien coulé, malgré les actions bizarres de personnages qui ont jalonné le récit. On voit également que beaucoup de choses doivent être relayées, mais elles tardent à le faire. Le final est donc explosif, parce que tout se découvre en même temps ou presque, mais on a par conséquent beaucoup de longueurs plus ou moins utiles. Mais le scénario souffre des actions bizarres des personnages, le héro comprit. Ah, et on n'aura jamais répondu à la question: qui a volé la bouteille de Filament, au final? Pourquoi était-elle sur le lieu d'un des crimes? Et pourquoi Dague était-il si acharné contre Filament, au final. Je déteste resté sans toutes les réponses quand il s'agit d'un polar.
Dans le genre qu'il représente, cette série ne fait donc pas partie de mes recommandations. Des séries comme "Starfell", "Fingus Malister" ou "Le château de Hurle" sont mieux soutenus, plus originaux et dotés d'une structure narrative plus fluide.
Je suis donc assez perplexe devant cet autocollant noir sur lequel on retrouve "Lauréat du meilleur roman jeunesse - The Times". Je me demande ce qu'il lui a fait mériter ce titre pompeux.
Cette série est classé troisième cycle primaire, pour les 10-12 ans.
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Créée
le 15 juin 2021
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