Personnellement, je trouve que la rancune est une sacrée perte de temps. Une haine qui infuse dans la mémoire et se diffuse dans l'ensemble de l'organisme jusqu'à pourrir le reste des jours de sa courte vie, je ne vois pas l'intérêt. Mais Sébastien a la solution : il va se venger. Une rancune transformée en vengeance met forcément fin à la colère ressassée, au mal-être, aux années de dépression, à la rage. Hein ?


Bah non. Je ne suis pas d'accord, ça ne soulage pas à tous les coups. Et encore moins si c'est trop facile. Et justement, pour Sébastien Desmichels, c'est beaucoup trop simple à mon goût. Si vous vous attendez à du challenge, à des rebondissements, passez votre chemin pour cette lecture sans rythme et sans surprise. Enfin sans surprise... j'exagère. Si vous êtes assez accrochés pour lire jusqu'au bout malgré l'ennui et la redondance extraordinaire dont fait preuve la narration à multiple répétitions lexicales et scénaristiques, vous serez peut-être agréablement surpris·e par la fin. Oui, oui. Je dois l'avouer, moi-même, alors que j'ai beaucoup pesté contre l'écriture de cette histoire, j'ai été émue par le final dont j'avais pourtant deviné (ou presque) une partie importante.


---------------------------------------------Légers spoilers---------------------------------------------


Mais pourquoi tant de médisances ? Je n'ai aucune rancune envers Jacques Expert, d'ailleurs avant Le Carnet des rancunes, je n'avais jamais lu une de ses oeuvres ni entendu parler de lui. La couverture en grande partie rouge m'a plu et le synopsis m'a carrément séduite. Je me voyais déjà dans la tête d'un grand tordu qui voudrait faire du mal à ceux qui l'ont offensé.


Mais voilà Sébastien, en plus d'être orgueilleux et prétentieux (et sexiste, mais j'en lis beaucoup des personnages comme ça, il n'y a qu'à regarder Yannick Lefèvres, un autre personnage du roman), il est parfait. Pas à mon sens, mais au sens romanesque. C'est-à-dire qu'il ne lui arrive plus jamais de problèmes et qu'il arrive à ses fins à CHAQUE fois ! Mais qui peut croire à ça ? Qui peut seulement s'identifier à un type comme ça ? Ah pardon, c'est vrai, il a d'abord vécu des coups durs, fait de la dépression à la pelle et si on l'écoute c'est de la faute de presque tous les gens qu'il a croisé dans sa vie... C'est sur ce passé exagérément triste que se repose l'auteur pour nous rendre empathique. Ca n'a pas fonctionné pour moi.


Non, je ne conçois pas que Sébastien fasse tout ce qu'il veut sans que la narration ni les dialogues ne nous explique comment il a trouvé des informations privées (ex : numéro de téléphone, adresse, animal de compagnie, plat préféré, etc) voire confidentielles (ex : résultats médicaux, adresse du vétérinaire, digicode d'appartement) alors que c'est juste un comptable et qu'il n'a RIEN d'un agent secret. La méthode d'acquisition des informations n'est jamais expliquée et pour moi ça pose un gros problème de réalisme.


Parlons du style, qui y est pour beaucoup dans mon manque d'intérêt pour ce livre. Le style est très banal. Les parenthèses sont trop nombreuses, leur faisant perdre de leur sens. L'utilisation de phrases toutes faites de type proverbes ou adages est fréquente, comme si l'auteur ne s'appropriait même pas son histoire. J'ai compté trois fois “La vengeance est un plat qui se mange froid” en l'espace de 50 pages et dans un bouquin qui parle de vengeance, ça fait beaucoup je pense... (ce n'est qu'un exemple).


Le narrateur parle beaucoup pour ne rien dire, il se répète beaucoup TROP, et ça en devient agaçant à lire parce qu'on se sent pris pour un·e imbécile qui ne suit pas, ne retient rien et a besoin d'être pris·e par la main. C'est dévalorisant et ça laisse peu de place à l'appropriation du lecteur... C'est trop guidé.


J’ai eu du mal avec les répliques rapportées dans tous les paragraphes, qui en plus peuvent être mal conjuguées (ex : "je lui ai dit « lui et ses équipes sont les meilleures »" au lieu de "je lui ai dit « vous et vos équipes, vous êtes les meilleurs »"). C'est fatiguant de lire des "Je lui réponds : ...", "J'ajoute : ...", "Elle rit : ...". Mais je sais pourquoi l'auteur à recours à ces introductions de répliques, c'est parce que ses personnages se ressemblent beaucoup trop...


En plus du manque de réalisme de ses personnages, ils n'ont aucune personnalité propre. Ils sont mal caractérisés. J'ai fait le test. En lisant le bouquin à ma compagne, sans lire l'entête de chapitre qui prévient si on est dans la tête de Sébastien ou dans celle de Lefèvres, on peu lire toute une page sans comprendre qui on lit jusqu'à ce qu'on ait un élément de contexte incontestable du genre le nom de la fille de Yannick (qui forcément est différent de celui de la fille de Sébastien, ouf !). En résumé, les personnages sont souvent issus de milieux aisés et sont justement écrits pour être détestés, ou bien ils courent après l’argent (Sébastien inclu). Ah, l'argent et l'apparence. Deux critères de jugement systématiques dans ce bouquin.


Ce que j'ai retenu :

Un style absent, des redondances répétitives à gogo, des personnages incohérents et le tout malgré une idée de base intéressante à souhait et une fin surprise émouvante.

abauteure
5
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le 29 août 2022

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