Été mutant par Zéro Janvier
Dans la série « je regarde ou lis des trucs qui ne sont pas de mon âge » (comme Gossip Girl par exemple), mon dernier méfait est une tétralogie de romans dont je viens de lire le premier volume : Le Cas Jack Spark, saison 1 : Eté mutant.
Victor Dixen, l'auteur, a semble-t-il été victime d'une expérience traumatisante dans un parc d'attractions quand il était enfant et souffre depuis de troubles du sommeil. Cela lui a clairement servi d'inspiration pour inventer Jack Spark, le héros et narrateur de ce roman :
Jack est un adolescent de quinze ans qui souffre d'insomnie depuis sa naissance et ressent en permanence une grande fatigue. Cette année, au lieu de passer l'été avec son grand-père comme il en a l'habitude, ses parents décident de l'envoyer à Redrock, un camp de vacances dans le Colorado. Jack y fait la connaissance des autres pensionnaires et découvre vite que chacun de ses camarades souffre d'un mal particulier : Sinead, une kleptomane, et son petit frère Kevin qui est énurétique (il fait pipi au lit, en bon français) ; Josh qui vient de faire une tentative de suicide ; Ti-Jean, obsédé par la propreté, et d'autres que je ne citerai pas en détail ici. Les adolescents sont encadrés par le docteur Krampus, sa famille et plusieurs moniteurs, tous plus étranges les uns que les autres et dont les intentions à l'égard des pensionnaires ne semblent pas si bonnes que leurs parents le croyaient ...
Le roman commence comme un roman classique pour adolescents (Jack tombe très vite amoureux de la belle et caractérielle Sinead ...) mais bascule progressivement vers la fantasy, au fur et à mesure que Jack voit les mutations transformer son corps et qu'il prend conscience des pouvoirs qu'il est en train d'acquérir. Quoi ? Un adolescent qui voit son corps changer et qui s'inquiète ? Comme c'est original ;-) Derrière son vernis sympathique de fantasy, cela reste un roman sur l'adolescence, avec l'éveil des sentiments, du désir, et les rites de passage (le premier baiser, auquel nous avons évidemment droit ici). Pour ne pas gâcher notre plaisir, nous avons même droit à un personnage homosexuel, et c'est suffisamment bien amené pour être signalé.
L'intrigue elle-même est sympathique, sans plus. Le final est spectaculaire, comme il se doit, mais ce n'est finalement pas ce que j'ai le plus apprécié dans ce premier volume. Plus que l'histoire principale sur les élèves de Redrock et leurs drôles de tortionnaires, j'ai préféré découvrir les personnages, suivre leur évolution et leurs relations, et l'analogie entre les découvertes de Jack sur ses mutations et les problématiques classiques d'un adolescent de son âge. Tout est parfaitement résumé à la fin du dernier chapitre :
Je ne suis sûr que d'une chose : j'ai changé.
Et mes compagnons aussi. Chacun à notre manière, nous nous sommes transformés, révélés durant ces vacances. Malgré nos peurs et nos colères, en dépit de nos désirs contrariés et de nos aspirations déçues – ou peut-être grâce à eux -, nous avons grandi.
[...]
A présent que l'été s'achève, nous le pressentons, une nouvelle saison de responsabilités commence : il ne s'agit pas de nous sauver, mais de sauver le monde. Nous savons que pour nous, rien ne sera plus comme avant.
Nous ne sommes plus des enfants.
Humain ou Fé, qui peut dire quels adultes nous deviendrons ?
En attendant, nous sommes tous des mutants.