Le cercle fermé par ngc111
Suite de l'excellent "Bienvenue au club", "Le cercle fermé" reste dans la continuité de ce qui a été fait précédemment et propose à nouveau une vision critique et pleine de bon sens de la société anglaise mais cette fois au 21e siècle et à travers les yeux de personnages bien loin de l'adolescence en ce qui concerne l'âge en lui-même, mais pourtant pas si distant de l'âge ingrat dans le comportement.
L'auteur a bien mis l'accent sur les difficultés rencontrés par ces adultes encore hantés par les spectres de leur adolescence (notamment en ce qui concerne Benjamin, mais pas seulement), dont ils cherchent désespérément à se défaire pour avancer dans leur vie, bien entamée, d'adultes accomplis et responsables.
Cela amène l'intrigue à des raccourcis un peu faciles sur le dénouement de certaines situations (la disparition de Myriam) mais l'on pardonne volontiers l'auteur au vu de la qualité du récit, de l'introduction de nouveaux personnages très réussie (Malvina et Sophie par exemple) et des thèmes abordés.
Les plans sociaux et la critique du monde patronal sont toujours d'actualité dans les années 2000 mais Jonathan Coe aborde aussi le thème de la guerre en Irak, des attentats terroristes et des rouages politiques, le tout toujours enrobé dans les histoires personnelles voir intimes de ses personnages : liaisons adultères, éducation des enfants, changements de style de vie, évolution de la carrière professionnelle... On suit l'ensemble de l’œuvre avec grand plaisir et certains passages sont d'une qualité ébouriffante.
Pourtant l'effet de surprise est logiquement un peu moindre, la faute à un style moins varié que dans le premier volet du diptyque qui s'était fait une force de multiplier les variations de style. Ici l'auteur s'est montré globalement plus sage et hors quelques chapitres écrits sous forme de relation épistolaire (les premiers chapitres par exemple) et autres retranscriptions de SMS (pour coller à la réalité de l'époque), la narration se veut plus classique et convenue que dans "Bienvenue au club".
Le diptyque de Jonathan Coe s'achève quoiqu'il en soit de fort belle manière et démontre une nouvelle fois les qualités de l'auteur pour constituer un récit mêlant fiction et moments de vie de quelques personnages à la variété et à l'intérêt équivalents, avec une satire sociale et politique bien insérée, peut-être trop évidente et pas toujours bien nuancée mais convaincante malgré tout.