Critique de Le Chandelier enterré par Kool-Fess
Nouvelles plus tardives de Zweig qui rapportent des légendes juives. Intéressant et toujours délicieux dans le style mais pas les plus remarquables non plus.
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le 21 janv. 2024
En 455, l’Empire romain a vécu. Quand les Vandales pénètrent dans la ville, l’Empire, corrompu, décadent et affaibli, prend une nouvelle volée de plomb dans l’aile. Les barbares pillent la ville et s’emparent des trésors de Rome. Trésors qui provenaient pour la plupart d’autres pillages plus anciens. C’est le cas d’un chandelier, la menorah, dont la tradition juive attribue le façonnement à Moïse sur la demande de Dieu. Une pièce unique entièrement en or dont l’empereur romain Titus s’est emparé au moment du sac de Jérusalem au premier siècle de notre ère. Depuis ce moment, les juifs ont quitté le Moyen-Orient. Quelques-uns ont suivi l’objet sacré jusque sur les bords du Tibre.
Mais après plusieurs siècles, le chandelier va reprendre sa route et être enfermé dans un autre trésor, celui de Carthage. Pour les juifs, c’est un nouveau coup dur. Avant que ce symbole ne s’embarque sur un navire vandale, une vénérable assemblée de vieillards décide d’accompagner jusqu’au port le cortège barbare emportant le chandelier. Ils emmenèrent avec eux Benjamin, un garçon de sept ans afin que celui-ci puisse témoigner de l’événement. Mais au moment de l’embarquement, Benjamin décide d’intervenir : il saute sur l’esclave portant la menorah, tombe à terre et se brise le bras.
Huit décennies plus tard, alors que Benjamin est toujours en vie à Rome, on apprend la chute de Carthage signifiant que le chandelier va de nouveau voyager. Benjamin décide de partir à Byzance, nouvelle capitale de monde afin d’y suivre l’objet et tenter de le revoir avant de mourir…
Le chandelier à sept branches est devenu l’un des symboles de l’identité juive, peuple affligé par Dieu et par l’Histoire, peuple sans patrie et dispersé partout dans le monde. Selon la tradition, l’objet sacré, disparu à la fin de l’Antiquité brillera de nouveau au moment de l’édification du Troisième Temple à Jérusalem lorsque les juifs retrouveront leurs terres ancestrales. Nous sommes dans les années 1930. Stefan Zweig supporte de plus en plus mal le nazisme et la montée de l’antisémitisme. Hitler est au pouvoir et l’écrivain donne aux Vandales pillant Rome les traits de l’armée aryenne (Ces Germains aux longues tresses blondes marchaient en bon ordre, par centuries, au pas, en guerriers bien disciplinés). Par ce livre, il entend redonner de l’espoir aux juifs. Le nazisme est une nouvelle épreuve mais le chandelier repose quelque-part et attend d’être découvert pour permettre l’édification de la nation juive.
Mais Stefan Zweig a choisi de se suicider en 1942 et n’a donc pu voir la création de l’état d’Israël en mai 1948, onze ans après la parution du Chandelier enterré qui apparaît dès lors comme prophétique.
Créée
le 30 juil. 2015
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