Ian Manook a vraiment réussi à m'emporter loin dans le sillage de ses ascendants arméniens ayant fui le génocide de 1915 par les Turcs pour émigrer en région parisienne. Le premier tome de sa saga arménienne avait déjà été un choc émotionnel violent ; ce second volet s'inscrit dans la même lignée même si la violence est désormais le fait des Soviétiques.
La sanglante dictature stalinienne rattrape en effet Agop, l'un des personnages principaux du roman qui, je le rappelle, est basé sur l'histoire vraie de la famille de l'auteur. Abusé par l'utopie d'une nouvelle Arménie sous l'égide communiste, Agop décide de laisser femme et enfants derrière lui pour s'embarquer vers cette terre promise qui se révèlera le pire des pièges.
Ian Manook met ses tripes dans ce récit et c'est peu de le dire. Le lecteur, lui, n'est pas loin de rendre les siennes à plusieurs reprises tant le récit se fait parfois inhumain. Le bagne en Sibérie me hantera longtemps.
"Le chant d'Haïganouch" est un cri du cœur, un appel à la mémoire collective, un besoin de témoignage et un dramatique récit des atrocités que l'homme peut infliger à ses semblables.
En plus de m'intéresser au sort des personnages, j'ai énormément appris et j'ai entrecoupé ma lecture de nombreuses consultations d'internet pour approfondir la connaissance d'un sujet, d'une ville, d'une personnalité évoqués. Finalement, l'entre-deux guerres reste une période assez méconnue, le projecteur littéraire étant surtout braqué sur la Seconde guerre mondiale mais c'est un espace temps passionnant, véritable transition entre deux mondes.
J'ai découvert, grâce à cette saga arménienne, le style d'un auteur que je vais m'empresser de retrouver dans ses autres romans, policiers si j'ai bien compris. Il m'a conquise pour de bon.