En 1873 puis 1876, l’année de sa mort, George Sand (1er juillet 1804 - 8 juin 1876) publie les deux volumes d’un recueil de contes, « Les Contes d’une grand’mère », écrits pour ses petites-filles, Aurore et Gabrielle, filles de son fils chéri, Maurice. C’est cette Aurore (10 janvier 1866 - 15 septembre 1961), devenue plus tard elle-même femme de lettres, très belle jusque dans le grand âge, qui lèguera à l’Etat le domaine de Nohant, où elle aura vécu jusqu’à sa mort. « Le Chêne parlant » est le premier conte du second volume, mais il est parfois publié isolément.
Il s’agit d’un conte charmant, frôlant passagèrement le fantastique, et dans lequel se retrouvent les grands thèmes chers à G. Sand : la nature, inquiétante pour d’aucuns, hospitalière et protectrice pour ceux qui l’aiment et la comprennent, l’enfance malheureuse, injustement malmenée, les êtres en marge de la vie sociale, une justice et un bonheur qui finissent par triompher. Mais G. Sand ménage là une surprise aux lecteurs familiers de son univers : alors que les êtres solitaires, retranchés du groupe social, sont souvent chargés de positivité et de hautes valeurs morales - ce qui sera d’ailleurs le cas de son jeune petit héros, Emmi, cousin en cela de la petite Fadette ou encore de la petite Marie de « La Mare au Diable » -, elle fait surgir une figure féminine, la Catiche, d’abord ambiguë mais finalement lestée d’une forte charge négative et menaçante, même si - l’auteure ne pouvant chasser son propre bon naturel… - elle sera appelée à connaître une forme de rédemption ultime…
Dans sa belle langue à la fois claire et imagée, G. Sand conduit ainsi son lecteur à se réjouir du bonheur finalement rencontré par les protagonistes, dans la mesure où les détresses précédemment traversées l’ont par avance dépouillé de tout risque de mièvrerie.