Se créer Liberté

Barbey d'Aurevilly me met toujours en joie. Je ne sais pas si cela est dû à son prodigieux talent de portraitiste ou aux sujets de ses romans, qui baignent dans les brumes gothiques d'un autre siècle, toujours est-il que Le Chevalier des Touches ne fait pas exception à cette fascination pour cet auteur.

Décrivant un héros Chouan, contre-révolutionnaire, le fameux chevalier Des Touches (inspiré d'un personnage réel. Dans un mauvais film hollywoodien, ça vaudrait gage d'oscar), jeune homme efféminé à la force herculéenne (comme dans les mangas) mène des actions d'éclats contre les "bleus" révolutionnaires.

Le roman met assez pas mal de temps à se mettre en place : cela est à mettre sur le compte de Barbey (Oui, je l'appelle Barbey, ça fait longtemps qu'on se fréquente, on est quasi-potos) sur son habitude, donc, à installer une ambiance avant de commencer la narration. Ici, nous voyons donc un salon d'anciens nobles écouter l'Histoire du Chevalier Des Touches, de ses exploits, et de sa déchéance. A travers ce personnage, Barbey exprime, à mon sens, son dandysme désespéré, ce besoin de tracer sa propre route, de créer son propre destin, quand bien même il est certain que la déchéance sera la seule récompense pour avoir été libre.
Diable, c'est beau.

Pour ceux qui sont restés jusqu'au bout, cadeau : une citation issue du premier chapitre.

"C’était un homme d’une taille médiocre, mais vigoureux et râblé comme un vieux loup, dont il avait le poil, si l’on en jugeait par la brosse hérissée, courte et fauve de sa perruque. Son visage accentué s’arrêtait dans un profil ferme : un vrai visage de Normand, rusé et hardi. Jeune, il n’avait été ni beau ni laid. Comme on dit assez drôlement en Normandie pour désigner un homme qu’on ne remarque ni pour ses défauts naturels, ni pour ses avantages : « Il allait à la messe avec les autres. »"

Allez, lis-le