Le Choix du soldat par Rasp
Dernier tiers de l'original Forest Mage donc.
Sa maitrise du récit introspectif et de tout ce qui en découle (description du quotidien, évolution des personnages) fait de Hobb une écrivain assez remarquable.
Ce dernier tiers est en plus l'occasion de saisir, comme dans Royal Assassin (tomes 2 et 3 de la version française de l'Assassin royal), l'archétype du héros hobbien, qui après moult vaines résistances est finalement contraint (et pas de la plus douce des façons) de se résigner à faire ce qu'on attend de lui. Tant qu'ils ont un entourage, ils ne sont pas capables de mener leur mission à bien. Crédidiou.
Le Choix du soldat, c'est surtout un bouquin de fantasy particulièrement original. La manière dont l'univers a été pensé est vraiment à la fois entière, rigoureuse et atypique. Esthétiquement, cette série est magistrale. Le fer et la poudre, les arbres des ancêtres, le chamanisme, les fossoyeurs, la peau tachetée, les baies, l'obésité. Tout ça fondu dans un récit introspectif époustouflant par sa conviction.
Le héros s'empêtre dans son libre-arbitre, s'y prenant les pieds d'une manière assez magistrale, se rétame et arrive finalement à un point de non-retour. Jamère (mais ça vaut pour Fitz) est toujours tellement obsédé par l'idée de se démerder tout seul et ils sait tellement bien s'enliser dans ses indécisions qu'il finit toujours par arriver à un moment où le sort doit le sauver. Bon du coup le sort lui coupe les jambes, l'emmène ailleurs et lui en prête d'autres.
Jamère, explorateur du destin, complètement inexpérimenté, tente désespérément de se passer de machette et se fraie péniblement un chemin dans les ronces. Et il arrive un moment où ce n'est plus possible, on lui avait indiqué un chemin détourné et facile, mais lui était idéologiquement contre, et maintenant c'est trop tard, il se crucifie dans les ronces, perd son équipe, et le destin, contrit, lui donne le raccourci, un raccourci tout plein de souffrance et de sacrifices. Well done l'ami. En même temps c'est ça, être humain. Jamère n'a pas de mèche blonde à recoiffer pendant qu'il trace sa route impeccable sanglante et victorieuse. Il est tout seul tout nu dans le noir, bouh on dirait Frodon à la fin. Allez mon gros on va s'en sortir ! J'espère !