Le Cid, c'est pas le gamin méchant dans Toy Story?

Dans ma reconquête des grands classiques de littérature, je ne pouvais absolument pas passer à côté du Cid : œuvre emblématique, ayant très largement influencé les esprits, si bien qu’énormément de citations de cette pièce ont intégré le langage courant (« A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire » « Aux âmes bien nées la valeur n’attend pas le nombre des années », entre autres). Que puis-je en dire qui n’a pas déjà été dit ? Rien, sans doute.

Le Cid, c’est l’histoire de Rodrigue et Chimène, fiancés follement épris l’un de l’autre. Hélas, tout bascule lorsque le père de Chimène, jaloux des honneurs accordés au père de Rodrigue, soufflète ce dernier, qui décide alors de laver son honneur bafoué. Mais, trop âgé pour venir à bout de son bouillant rival, il décide de régler la querelle par le bras de son fils, Rodrigue, qui passe donc le père de sa fiancée par le fil de l’épée. Chimène aussi sacrifie son mariage aux impératifs de sa famille, puisqu’elle implore le roi de punir ce crime par la peine capitale pour celui qu’elle aime plus que tout…

D’un point de vue strictement littéraire, deux choses frappent l’esprit : tout d’abord, la qualité indéniable de la langue, riche et admirablement maitrisée, des alexandrins qui coulent tout seul, des phrases qui marquent les esprits. C’est beau, c’est clair (un peu moins pour le lecteur moderne que le contemporain, certainement, mais c’est un peu prévisible pour un texte qui a déjà 4 siècles), c’est puissant. La deuxième chose, c’est la construction de l’intrigue, qui repose sur des personnages cohérents : tantôt guidés par l’honneur, tantôt par l’amour, rien n’est laissé au hasard, tout s’inscrit parfaitement dans la logique d’ensemble, au service du dilemme cornélien.

Finalement, si on peut reprocher quelque chose au Cid, c’est peut-être ce qui lui donne son nom : désirant mourir pour son pays en affrontant les Maures plutôt que la honte d’être condamné à mort pour son crime, Rodrigue devient pratiquement du jour au lendemain un héros de guerre, porté par son honneur et son amour si bien qu’il laisse sa trace à jamais dans l’esprit des Maures, et qu’il réapparait triomphant, prêt à tout se faire pardonner. Si en soi ça ne me dérange pas tant que ça, je reste dubitatif devant la rapidité de la chose, bien que je sois parfaitement conscient que certains impératifs s’imposent au dramaturge.

Encore aujourd’hui, Le Cid reste une œuvre dynamique et puissante, équilibrée et cohérente, un incontournable du théâtre français.