Cette critique a été publiée initialement sur enlightenerds.com
Le cimetière des rêves d’Hanan El Cheikh est un recueil de nouvelles très courtes édité chez Babel ( une collection que j’apprécie beaucoup pour sa diversité ). Je suis tombé sur ce livre totalement par hasard lors d’emplettes aléatoires et le synopsis m’a plu.
Il contient un bon nombre de petites nouvelles très courtes. Pas d’histoires compliquées ou très romances ici, on suit juste pendant quelques instants le parcours de différentes femmes à des étapes charnières de leur vie. Qu’elles soient libanaises, marocaines ou anglaises, leur point commun est toujours un grand écart culturel ou social complexe, à cheval entre l’occident et les pays arabes.
Ce livre explore très simplement la complexité du rapport au pays quand on est déraciné et tiraillé entre deux cultures très différentes. Séjour momentané dans le désert, expatriation à Londres sur fond d’amour impossible, retour pour un séjour de vacances au Maroc qui redéclenche subitement une mélancolie et un sentiment d’appartenance, européenne sympathisant avec un petit village se retrouvant prise au piège d’un lien social qui la dépasse, mariage arrangé, le panorama exploré est très large et soulève beaucoup de questions que pour la plupart je ne m’étais jamais posé, et on s’attache vite aux protagonistes malgré la neutralité de ton et la brieveté des histoires.
Bien que n’étant pas à mes yeux une révolution ou un chef d’oeuvre, mais à l’instar de certains livres japonais comme ceux de Kenzaburo Oe ou de Yuko Tsushima qui explorent la complexité du lien marital et familial au Japon, ce livre était à la fois touchant et instructif, il a bien fait vibrer ma corde mélancolique.