Les « cold cases » étant définitivement à la mode, voilà que notre cher inspecteur Wisting se retrouve encore une fois, dans "le Code de Katharina", à essayer de résoudre une affaire vieille de plus de vingt ans… avec une différence, et de taille, c’est qu’il est devenu ami, ou presque, avec Martin, le principal suspect de la disparition de sa femme Katharina ! L’apparition de nouveaux indices sur une autre affaire remontant plus ou moins à la même époque va forcer Wisting à utiliser sa relation avec Martin pour essayer de tirer de lui de nouvelles informations, voire des aveux…
Les familiers de l’œuvre de Jørn Lier Horst, l’un des auteurs norvégiens de romans policiers les plus connus et les plus célébrés et primés, se réjouiront de retrouver pour la douzième fois le personnage très attachant de l’inspecteur William Wisting, ainsi que sa fille Line, brillante journaliste d’investigation, qui sera elle aussi mêlée à l’enquête. Et alors que certains des précédents ouvrages de la série, comme l’Usurpateur, avaient pu se révéler un peu décevants, on est cette fois devant une véritable réussite.
Car si, au départ, le principe du retour sur une affaire non résolue, dont les liens avec une autre ont été révélés grâce à des techniques qui n’étaient pas disponibles à l’époque, est des plus classiques, "le Code de Katharina" trouve d’abord son originalité dans le long tête à tête entre le policier et le suspect, isolés du reste du monde dans un chalet perdu du Nord de la Norvège, rempli de tension, de menaces et de doutes. Il a le mérite de poser ensuite de bonnes questions morales sur le thème inusable de la fin et des moyens : les jeux de manipulation d’un jeune inspecteur brillant mais torturé et cynique de la Kripos, vont ici pousser les personnages à faire eux-mêmes des choses qui franchissent, légèrement mais clairement, la ligne blanche de l’éthique. On notera aussi que pour l’auteur, la famille constitue la cellule de base de la société, puisque c’est avant tout là qu’on y commet les crimes ou qu’on y fait la justice.
Avec son style d’une grande limpidité – résultant sans doute de son travail en parallèle dans la littérature pour la jeunesse – Jørn Lier Horst nous emmène au fil d’une double enquête haletante et complexe, dont le fameux « code de Katharina » ne constitue d’ailleurs qu’une péripétie savoureuse. Tout en sortant des sentiers battus du polar scandinave, "le Code de Katarina" nous embarque grâce à sa relative modestie, son réalisme, sa simplicité. Une approche du polar que l’on pourrait qualifier de « ligne claire », tant la lisibilité est ici vectrice d’efficacité.
[Critique écrite en 2022]
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