Voilà un livre qui m’a remué les tripes aussi bien par son intrigue que par le traitement que l’auteur en fait.
Terminé depuis plusieurs jours, j’ai eu besoin de digérer… Au moment où j’écris mon avis, l’amertume est toujours là, bien présente…
L’auteur dédie son livre à ses élèves et leurs enfants et l’accompagne d’une citation révélatrice de la trame qu’il va suivre : «Les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petits pas.» Éric V UILLARD , L’Ordre du jour
Emmanuel Flesch aborde des thèmes très actuels, comme l’exil, le déracinement, l’immigration, la perception de l’autre, mais surtout la peur de certains à ces autres. Un message politique fort, comme une sonnette d’alarme, car ce qui fait peur lorsque l’on commence cette lecture, c’est la réalité saisissante du sujet. C’est palpable, à nos portes avec une sensation vertigineuse, que la bascule n’est pas loin et c’est franchement flippant. Il a saisi tous les mal-êtres de notre société, mais surtout le jeu de certains politiques. Le fait d’être enseignant en Seine-Saint-Denis n’est certainement pas étranger à ce prisme, et cela donne encore plus d’encrage dans la réalité.
Une intrigue au goût bien trop réel sous ses airs dystopiques, au goût amer, mais dont la réalité est sur le pas de notre porte. Il suffit de peu et elle franchira le portail de notre réalité.
La plume de l’auteur est simple, sans fioritures, mais intense, avec un message sous-jacent. On pense s’y projeter mais au final on vit les mots et les phrases que l’auteur met au service de notre réflexion.
Une lecture d’une rare intensité, qui m’a bouleversé. Mes angoisses les plus profondes y ont trouvé un écho malsain.
288 pages d’une densité et épaisseur d’une excellente qualité, le tout servi par une plume directe, observatrice, de ce possible devenir, où chaque mot est minutieusement choisi.
On y arrive et pourtant, on doit tout faire pour l’éviter !
Lisez ce livre ! Il a un goût de déjà vu, sauf que les victimes sont différentes.