A l’intérieur d’un pays en guerre comme il en existe malheureusement tant, un colonel, réputé pour être un grand spécialiste de l’interrogatoire, se retrouve peu à peu hanté par les fantômes de ses victimes. Malmener le supposé « ennemi » jusqu’à l’insoutenable, procéder à un tribunal politique où les dés sont jetés d’avance et la justice n’a guère sa place. Tel est le quotidien du colonel. Ce dernier fait partie d’un trio de personnage sur le bord de la démence: un général cloitré dans son bureau et l’ordonnance, un jeune homme témoin de la cruauté luttant pour garder le peu d’humanité qui lui reste. Petit à petit, les terreurs nocturnes du colonel prennent de plus en plus de place dans le réel où il finit par devenir un être vidé de toute de substance de vie, un fantôme parmi ceux qu’il a créé. A travers la folie dévorante du personnage, l’autrice interroge la place du « torturé » et du « bourreau » en créant des personnages possédant ce double-rôle : les torturés deviennent les bourreaux et le bourreau devient la victime de tortures. Sous les codes proche d’une tragédie classique où le destin des personnages sont scellés, Emilienne Malfatto nous raconte ces milles et unième histoire de guerre où l’être se retrouve face aux horreurs que la guerre l’amène à produire. Le comédien Féodor Atkine rend compte de cette ambiance brumeuse et fataliste, laissant ainsi à chacun le soin de tirer sa propre fable. La lecture est suivie d’un entretien inédit avec l’autrice.