Avec Le complot des corbeaux s'ouvre la trilogie de Les sœurs carmines d'Ariel Holzl.
Au cœur de la cité de Grisaille, lieu ô combien chargé de brumes et de mystères, résident trois sœurs orphelines : Merryvère la monte en l'air cleptomane de profession, Tristabelle l'aînée précieuse et Dolorine la cadette qui voit des fantômes. Laissées fort désargentées, les enfants de cette famille doivent faire face aux taxes royales qui voient leurs maigres biens fondre comme neige au soleil tandis que les larcins de la puînée lui attirent les foudres de ses victimes. Si ces dernières s'avéraient impuissantes, ce serait un moindre mal, mais il se trouve que huit grandes familles règnent sur la ville et que certaines forment un sombre cortège de morts-vivants, à l'instar de la famille Vermeil constituée de suceurs de sang. C'est ainsi que Merryvère finit par se mettre dans de biens sales draps tandis qu'elle effectue son dernier cambriolage sans y aller avec le dos de la cuillère...
Sis dans une ambiance, tel qu'annoncé en quatrième de couverture, que ne renierait pas Tim Burton, ce roman oscille entre le macabre et le burlesque. Ceux-ci se confondent dans des rencontres improbables entre moult personnages dont la santé mentale peut poser quelques questions. Il en résulte des situations rocambolesques chargées d'hémoglobine et d'humour grinçant.
Si le thème et l'ambiance se savourent avec une jubilation croissante, la première partie du récit souffre d'une mise en place une peu décousue. La chronologie n'est pas claire, les personnages mettent du temps à trouver leurs places et l'aspect par trop descriptif alourdit le rythme. Peu à peu cependant, l'auteur trouve le bon tempo et l'intérêt pour les avanies de ces sœurs singulières croît. La seconde partie de l'histoire se déguste avec plaisir tandis qu'une scène dantesque régale le lecteur en fin de roman.
A présent que le cadre est posé, les personnages installés et le rythme clarifié, tout pousse à espérer que la suite sera d'une encore meilleure eau.