L'illustrateur qui nous a concocté la série BD "Brume" nous propose ici une série de petits romans débutants dans le même genre d'univers de sorcellerie.


"Le Clan du chaudron" est composé de jeunes quatre amis: Camélia, très douée pour faire des potions, est aussi la grande soeur de Valentine, habile de ses mains pour construire diverses choses. Les deux soeurs sont filles de sorcières. Myrtille est une princesse blonde vêtue de rose qui a une licorne nommée "Fleur-Trop-Jolie-D'amour ( grand dieux, quel nom horrible!) et Malo est un troll de nuit, au corps entièrement bleu, ayant de grandes oreilles pointues et des petites canines pointues qui lui sortent de la bouche. Il peut manier la nuit et s,y cacher. Enfin, n'oublions pas Grosdoudou, "qui préfère jouer plutôt que faire peur ou porter malheur".


Côté histoire, les cinq personnages se lancent dans une petite enquête car les sorcières adultes, qui devaient faire un concours de mocheté, se retrouvent "belles", à leur grand désarrois. Ils découvriront qu'il s'agit d'un farfadet qui trompe son ennui en faisant des blagues douteuses.


Je trouve encore que les concours de beauté, même inversé, sont des "trucs de fille" pas très pertinents, même en jeunesse. On ne verra jamais ça avec des personnages masculins. Même si je conçois que l'inversement peut amener l'idée que la mocheté peut être admirée, reste qu'on est encore dans l'idée de se distinguer avec son physique et ce concept me fait grimacer d'agacement. Et bien entendu, ce qui est "beau" est la peau blanche, des cheveux soyeux et des robes très coquettes. On n'innove pas du tout les canons esthétiques ici, pourtant , ç'eut été facile avec un univers inversé comme celui-là.


La princesse Myrtille, parce qu'elle est justement princesse de son état, veut d'ailleurs gagner le concours en se salissant. Ça dénote son envie sens de la compétition, mais surtout son envie d'impressionner, même dans une catégorie qui ne lui sied pas ordinairement. C'est dommage, parce que c'était là aussi une occasion de casser un cliché. Myrtille est un élément atypique dans ce cadre Contre-Merveilleux, elle aurait donc pu être bien plus atypique dans sa personnalité. Elle se tient avec des sorcières et un petit troll, il me semble qu'elle aurait pu être moins superficielle, peut-être plus émancipée et affirmée, voir moins stéréotypée sur son physique ( robe rose, cheveux blond, souliers à lanière similaires à des pointes de ballet classique). Mais bon, possible que ce soit précisément ce que voulais l'auteur: placer un cliché dans un cadre opposé.


J'ai beaucoup aimé les autres personnages du Clan, en revanche. Malo est un troll, dont le physique rappelle celui de Kurt Wagner ( alias "Diablo", dans les X-Men). Il est l’élément pragmatique du groupe, lui qui sait quel "mal" font les préjugés de part sa race. C'est lui qui rappelle aux filles qu'il ne faut pas juger trop hâtivement et sans preuves. Il a une coiffure au style africain, c'est sympa. Valentine, pour sa part, est adorable avec son look de petite fille de la construction: salopette jaune, petit sac à outil à la hanche, une queue de cheval brune, elle bricole des trucs, dont une cape de discrétion couverte de fougères ( tient, un peu comme dans l'armée). Grosdoudou me rappelle Hubert dans la série Brume. Une boule adorable toute noire. J'aime aussi beaucoup le style de Valentina.


En fait, je craque pour les illustrations, définitivement dans la veine de la série Brume, avec ses forêts magnifiques, sa lumière chaleureuse et son thème de sorcellerie. La petite chenille qu'on voit au milieu du livre était vraiment mignonne. Et très honnêtement, les sorcières redevenues "laides" sont vraiment intéressante graphiquement, bien plus que dans leur version "belle", mais ça c'est ma fibre atypique qui vibre à l'originalité qui engendre peut-être cette impression.


Côté scénario, ce n'est pas particulièrement original. Des concours de "qui est la plus laide" chez des sorcières, j'en ai déjà lu. Quand à l'enquête, ce n'était rien de très "haute voltige". Je reconnais que faire des enquêtes est difficile en jeunesse, mais dans un cadre fantaisiste comme celui-là, on pourrait se servir de la magie pour rendre l'enquête moins linéaire ( du genre" Un indice, on le suit"). Et bien sur, cette enquête se solde assez facilement par un retours à la normale, après avoir très commodément entendu le "méchant" exposer son plan à voix haute ( bon sang, que les méchants sont stupides dans les livres jeunesse, trop souvent). Les enfants n'ont eu qu'à le pousser à inverser sa mauvaise blague et le tour est joué.Vraiment très facile.


Donc, je dirais qu'il y a de bonnes bases pour quelque chose de plus audacieux et pertinent, mais en raison de certains clichés persistants et de scénario déjà-lu, on perd en richesse d'univers. Les illustrations sauvent définitivement le tout, selon moi, car l'innovation et le traitement de celle-ci viennent contre-balancer le cliché du texte.


Je pense néanmoins que certains de mes plus jeunes lecteurs/Lectrices de 7 ans pourraient aimer ce genre d'univers et il constitue un choix bien plus judicieux que les Harry Potter ( que donnent beaucoup de parents aux 7 ans). Par après, on peut tendre vers la série "Magique Péri", beaucoup plus originale et mieux travaillée, mais au français plus sophistiqué.


Je pense aller lire l'autre tome paru en même temps, histoire de voir si le traitement est plus intéressant dans une histoire où il n'est pas question d'apparence physique chez les filles.


Pour un lectorat débutant, 7-8 ans.

Shaynning

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