Cette histoire, certes, a été racontée de mille manières possibles ; à la fois à travers d'autres interprétations littéraires et adaptations au petit et au grand écran comme la célèbre série télévisée "Les Tudors" avec Jonathan Rhys-Meyer dans le rôle d'Henri VIII, d'il n'y a pas si longtemps et même l'adaptation de cette triologie ,la série woolf hall" Dès lors, qu'apporte ce livre publié en 2009 à tout ce qui a déjà été fait sur la même scène ?
C'est un roman historique, certes, mais cela ne doit pas détourner notre attention de l'essentiel. Ni l'influence d'Anne Boleyn sur Henri VIII, ni la personnalité inconstante du roi d'Angleterre ne doivent primer sur ce qui est au cœur de l'histoire : l'ascension implacable de Thomas Cromwell au pouvoir. Ce qui me fascine le plus dans le style de l'écrivaine anglaise, c'est la manière dont elle crée le personnage de Cromwell. Elle l'esquisse en utilisant des anecdotes de sa vie, des commentaires du reste des personnages et même en utilisant le propre monologue intérieur du politicien. Sa personnalité complexe grandit, s'élargit, surmonte la chute de son protecteur, le cardinal Wolsey, qui le laisse un instant dans une apparente vulnérabilité. A partir de ce moment, les événements se sont déroulés avec une apparente facilité, le roi Henri devenant de plus en plus dépendant de Cromwell, encore plus qu'il ne semble l'être d'Anne Boleyn. Le style de Mantel n'est pas facile à suivre avec ses flashbacks continuels sur la vie de Cromwell, sur son enfance, sur sa jeunesse en Italie. Sa relation avec son fils Grégoire est très intéressante, dans laquelle il y a un mélange de déception et en même temps le soulagement du père qui voit que son fils choisit une vie moins implacable, moins violente.
C'est un roman intimiste en réalité : L'intimité du minimaliste qui, paradoxalement, contrôle le monde, le destin des peuples et des hommes. Malgré tout ça ce roman historique appartient à ce qu'on appelle "le nouveau roman historique" Littérature complexe à n'en plus pouvoir. Pas d'histoire fictive parallèle. Quelques personnages fictifs qui se connectent avec les personnages historiques et rendent la lecture moins aride. Les dialogues sont déroutants, car ils mélangent les pensées des personnage avec leur paroles ; Enfin de compte on et jamais bien de ce qui est dit et de ce qui est pensée . Souvent même on a l'impression que ce n'est pas le même personnage qui démarre et finie une phrase ou une pensée. Il y a une multitude de personnages pas vraiment nécessaires (comme dans la vie en fait) dans l'histoire qui rendent la lecture encore plus fastidieuse. Les ressources littéraires du nouveau roman historique sont bien là mais ce qui échoue, c'est la manière de les exprimer. C'est une littérature linguistiquement complexe dans laquelle le lecteur se perd. Un style très particulier donc et qui personnellement ne me plaît pas.