Le confinement m'a permis de faire un gros balayage dans mes réserves et dans ces dernières : le onzième tome de la série de Tui T. Sutherland Les Royaumes de Feu, j'ai nommé Le Continent perdu. Et si, à la lecture du dixième tome, nous n'avions pas forcément un déclic concernant le "passé" de l'autrice, autant vous dire qu'avec ce tome, c'est chose faite. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet, commençons par le petit résumé habituel.
Pantala est un continent qui avoisine Pyrrhia et qui abrite des espèces de dragons différentes. Réunis en "guêpiers", les Ailes de Soie et les Ailes de Guêpes vivent plus en moins en harmonie : les premiers servant les deuxièmes. Tous vivent avec les souvenirs d'une guerre millénaire contre les Ailes de Feuilles, aujourd'hui disparus. Blue, un jeune Aile de Soie, est un dragon paisiblement établi dans cet hiérarchie de soumission jusqu'au jour où il apprend que les Ailes de Guêpe, du moins leur reine n'est pas si généreuse qu'elle le laisse entendre.
Pas plus de spoil, comme à mon habitude. A moins que...
Il me semble en avoir déjà fait mention dans mes critiques précédentes, notamment avec l'autrice Inbali Iserles pour la série littéraire Foxcraft, mais Tui T. Sutherland a fait parti des autrices cachée derrière le pseudonyme de Erin Hunter, autrice de la grande série littéraire La Guerre des Clans. De ce fait, on peut souligner de nombreux points communs entre les travaux de Erin Hunter et les créations indépendantes des différentes autrices. Pour faire simple, ce début de troisième cycle en ce qui concerne Les Royaumes de Feu est du Erin Hunter tout craché. Si les deux premiers cycles étaient reliés par Pyrrhia, ici, c'est un tout nouveau monde qui s'offre à nous : un nouveau continent, de nouvelles espèces de dragons, du nouveau "vocabulaire"... En soi, ces nouveautés sont fort sympathiques et prouvent, à l'instar de Anne Robillard pour Les Chevaliers d’Émeraude, qu'il y a toujours quelque chose de caché derrière l'horizon. C'est donc un continent intéressant qui nous est présenté, gardant tout de même des similitudes avec celui de Pyrrhia, étant donné que ces deux continents ont un dragon en commun. Les nouvelles espèces sont également intéressantes, là où on s'intéressait plus à un mélange avec les éléments (boue, mer, sable...), on va s'employer à user d'insectes (mais pas que) pour créer de nouvelles espèces. De ce fait, nous accueillons les Ailes de Soie, de Guêpe et de Feuille, possédant des caractéristiques propres. Les institutions, les manières de penser... sont également sympathiques à découvrir, offrant une nouvelle épaisseur à l'univers établi.
Mais malgré de nombreuses nouveauté, notamment en ce qui concerne le lore, force est de constater que l'on demeure en terrain connu pour ce qui concerne la narration ou le schéma narratif. Nous avons toujours la même simplicité (bienvenue), la même tonalité, les mêmes ressentis qu'avec tous les tomes de cette série, et pour les "fans de Erin Hunter" notamment, cela peut rapidement devenir lassant. En effet, j'avais pu parler en de nombreux endroit de ce que j'appelle le syndrome d'Isla de Foxcraft, à savoir que le personnage principal, aussi charmant peut-il être, va nous les briser avec ces éternels questionnements sur ce qui est juste, mauvais... mais reprenons des rails plus habituelles :
pour ce qui est de l'histoire, elle est nouvelle et ça fait du bien. On respire un nouvel air qui ressemble néanmoins énormément aux bouffés précédentes. La narration est simple et il est à noter que l'on suit un peu mieux les différents changement de point de vue, du moins pour le moment.
Pour les personnages, on en a une flopée ! Mais étant donné que l'on demeure sur des constructions similaires aux personnages des tomes précédents ou assez proches des personnages types créés par les différentes autrices autour de Erin Hunter, on reste également en terrain connu. Néanmoins, ils sont attachants, sympathiques et offrent de belles séquences sauf que... Sauf que ! Et là par contre, ça part en spoil malheureusement :
Il s'agit d'un coup de gueule que j'ai déjà poussé dans ces critiques mais Tui T. Sutherland m'a brisé le cœur avec le râteau monumental que s'est pris Comète avec Sunny. Une découverte qui, j'en suis absolument certain, n'a pas énormément plu à beaucoup de lecteurs. Ce qui a probablement poussé l'autrice à user, dans le deuxième cycle, d'une relation identique entre deux dragons représentants les mêmes deux espèces : Lune et Qibli. Sauf que là, je ne sais pas pourquoi - même si je croise les doigts car je suis un grand sentimental - nous avons le même travail : une relation amoureuse qui semble bien partie entre deux dragons d'espèce différente (dont les couleurs sont presque - mais je chipote un peu là - identiques à celles des Ailes de Nuit et de Sable). Je suis ravi d'une telle relation mais cela me frustre malgré moi encore plus dans le fait que la relation Comète-Sunny était plus que jouable et désiré par la communauté (je parle à mon nom, peut-être n'est-ce pas le cas en ce qui concerne la relation Comète-Sunny).
Voilà, il fallait que j'en parle.
Concrètement, il n'y a pas énormément à dire concernant ce tome. Dès l'instant où l'on a lu le tout premier tome, excepté quelques tomes, on va rester sur les mêmes qualités et mêmes défauts. Il s'agit là d'un tome qui fait plaisir à découvrir néanmoins. Des nouveautés que l'on désire voir développés dans les prochains tomes, une intrigue intéressante bien que déjà vue, des personnages hauts-en-couleur... Au fond, on ne change pas la recette mais dès l'instant où c'est appréciable, à quoi bon changer les ingrédients. Je recommande donc chaudement ce tome qui nous lance plus intensément dans ce troisième cycle qui, j'espère, continuera à nous faire vibrer.
Et n'oubliez pas que la Fantasy nous appartient !