Aussi curieux que cela puisse paraître, j'ai acheté par hasard et par erreur ce petit livre japonais. Etant un grand fan de la collection Babel, de ses premières de couverture et de sa police de caractères (oui...), j'ai été attiré dans ce roman tout à la fois par l'énigmatique patronyme de cet auteur japonais alors pour moi obscur, par la fine épaisseur du livre (pour mes stats qui battaient de l'aile à l'époque...) et par surtout cette sublime couverture. Je tâte le bouquin, je me dis "bon, j'ai quand même 180 livres en stock à l'heure actuelle, et ma résolution 2018 était quand même d'adopter une stratégie logistiques de first in last out... Ai-je vraiment besoin d'acheter ce livre ?"
Le destin, épaulé par mon étourderie s'est donc attaché à ajouter dans mon panier le Convoi de l'eau.
Le Convoi de l'eau est donc un court roman écrit en 1967 par Yoshimura, qui narre l'installation d'une équipe d'ingénieurs et d'ouvriers japonais, à travers le regard de l'un de ces derniers, dans une vallée reculée seulement habitée par les habitants d'un hameau moyen-âgeux et semble-t-il fort isolationniste.
On assiste donc à l'observation, par l'équipe "moderne", technique, des colons de cette vallée perdue, des rites et moeurs de cette tribu dont ils ne savent rien ; jusqu'à l'évènement qui fera basculer l'histoire et enfin provoquer le contact entre ces deux mondes, le primitif-rural et l'industriel-moderne. Cette expérience dans cette vallée reculée où il ne semble rien se passer, où l'on n'a rien à faire est aussi l'occasion pour le narrateur de questionner la violence de son passé criminel via la projection qu'il opère de son histoire personnelle sur le hameau de la vallée.
Inutule d'en dire plus, car une grande partie de l'intérêt de ce livre réside dans la nappe de mystère qu'il crée autour des lieux qu'il explore : allez lire ce bouquin qui se lit très vite, et dont l'écriture est remarquablement ciselée et poétique (bravo au traducteur en tout cas !).