Le courage des innocents de Véronique Olmi frappe fort pour décrire l’innocence bafouée des enfants pris en charge en France par L’ASE (Aide Social à l’enfance) et laissés sans soutien, ni aide à 18 ans. Un quart des SDF qui vivent dans la rue sont des jeunes suivis préalablement par l’ASE. Véronique Olmi montre comment le système éclate du nombre de cas suivi et du manque de moyens.


Alors cette enfance se retrouve ballottée, condamnée à être étouffée par la honte et le silence et à porter les stigmates de l’affront d’avoir connu la séparation avec ceux qu’ils aiment même si ceux-ci ne les protégeaient pas de la vie ou d’eux-mêmes.


Véronique Olmi pousse son personnage dans les profondeurs de la guerre en Ukraine, aux côtés d’enfants placés en foyer. Ils risquent à tout moment d’être enlevés par les Russes pour être enrôlés s’ils sont plus âgés, adoptés s’ils sont plus jeunes, ou soumis à une russification et à un endoctrinement qui vont à l’encontre de leur passé, de leur culture et même de leur identité. Le héros, Ben, est un activisme d’un peu plus de vingt ans, charismatique et volontaire. Il est connu sur les réseaux pour ne rien lâcher. Alors, quand il apprend que son jeune frère est placé en foyer après avoir été enlevé de sa famille d’accueil, il prépare faux papiers, et sacs de survie et traverse la France pour aller le chercher.


Ben devra apprendre que la vie ne se présente jamais de façon manichéenne. Les nuances sont des chocs qui le feront mûrir et revoir ses certitudes. C’est aussi un coup du hasard lorsque plus de dix ans plus tard, il se retrouve vers Kherson à accompagner des enfants de foyer pour une exfiltration vers Europe.


Enfance instrumentalisée

Seulement le roman n’a rien d’ennuyeux ni de plombant. Le courage des innocents est lumineux tant il est à contre-courant de la victimisation actuelle et de la culture du traumatisme généralisé. Avec sa science de la précision, ses personnages prennent corps et évoluent devant nous avec une telle présence qu’ils en demeurent réels.


Véronique Olmi aborde l’enfance dans plusieurs de ses romans : la jeunesse asservie à l’esclavage dans Batika, celle ballottée de famille d’accueil en famille dans Le Gosse, et ici, celle exploitée. Notre politique publique abandonne les enfants à 18 ans. Un autocrate fou rêve de reconstruire la grande Russie. Il a trouvé de la chair à canons bon marché et la façon de lutter contre le vieillissement de sa population.


Dans Le courage des innocents, Véronique Olmi mentionne l’existence de camps pour enfants, à deux pas de l’Europe ! « Les nazis avaient pris deux cent mille enfants polonais et trois cent mille dans tous les pays occupés, ensuite ils étaient adoptés par des familles aryennes. Si on a accepté ce trafic hier, si on l’accepte aujourd’hui, alors on l’accepte demain, on l’acceptera toujours… »


Certains diront « encore » ! D’autres s’y plongeront avec avidité, remerciant Véronique Olmi par ses fictions d’analyser encore et encore si justement notre monde !


Que peut la littérature, nous demande roman après roman l’écrivaine ?

Contribue-t-elle à l’éveil des consciences ?

Évidemment !

Chronique illustrée ici

https://vagabondageautourdesoi.com/2024/09/19/veronique-olmi-le-courage-des-innocents-rl2024/

matatoune
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le 27 sept. 2024

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