Aragon,le fauve en prison.

Lu entre mi-Février et début Mars 2020

Edition: Poésie/Galimard

J'ai découvert Louis Aragon grâce au court métrage de Jean-Luc Godard Je Vous Salue, Sarajevo.
Curieux,ayant fortement été ému par ce court-métrage,j'avais voulu lire le recueil de poésies dont ce vers sublime,cité dans le court-métrage,provenait:

Quand il faudra fermer le livre

Ce sera sans regretter rien

J'ai vu tant de gens si mal vivre

Et tant de gens mourir si bien.

C'est ainsi que j'ai découvert ces deux recueils de poèmes aux noms sublimes: Le Crève-coeur - Le Nouveau Crève-Coeur

L'intérêt principal de ces deux livres,c'est la valeur historique qu'ils possèdent. Les poèmes qui les composent ont majoritairement étés écrits durant la seconde guerre mondiale. Louis Aragon,mobilisé durant le conflit,a écrit ses deux recueils pour coucher tout le désespoir qu'il ressentait à ce moment là. Le Crève-Coeur et le Nouveau Crève-Coeur crèvent au moins les yeux de leurs vers impeccables (et plus rarement leur prose, dont un court texte, "La rime en 1940".) Ils témoignent du malheur,du sentiment d'abandon et d’humiliation qui saignait le cœur de chaque Français à cette époque.
Les deux premiers vers du Monde Illustré sont lourds de sens à ce sujet:

Les hommes ont cette saison

Des pieds de peur des yeux de pierre

Et les songes sous leurs paupières

Semblent des fauves en prison

-

La poussière du paysage

Est faite de fer et de feu

Le jour a l'air d'un vaste jeu

Qui survit aux anciens ravages

On comprend pourquoi la chanson française (Léo Ferré et Jean Ferrat) s'est emparée de l'oeuvre d'Aragon qui arrive à unir la poésie surréaliste et ses sœurs aînées.
Même si certains poèmes sont un peu lourd,Louis Aragon a donné naissance à un témoignage déchirant sublimé par une langue française poussée aux plus hauts firmaments.