Incontournable Novembre 2023



"Le Cumulus Machinus" propose un format hybride qui rappelle à la vois la BD et l'album, avec assez de texte pour équivaloir un roman. C'est un peu le genre de format qu'on a vu avec le diptyque "Mammouth Rock" ou encore la série "La classe de madame Tsatziki" ( Le voleur de sandwich, L'alerte au feu et La disparition de Moka), à la fois très graphique et comprenant un texte éparpillé entre texte et dialogues en bulles.



Cette histoire s'ouvre sur une scène, celle d'une maman exaspérée par l'imaginaire débordant de son fils, qui devrait songer à étudier ses maths plutôt que de croire à ses histoires. Tout aussi exaspéré, pour ne pas dire fâché, Ovide s'enroule dans sa couette de lit, sort un cahier canada ( sorte de livre de rédaction mou rempli de feuilles lignées très utilisés au Canada) et commence alors à nous raconter cette histoire à laquelle ne croit pas sa mère. Parce NOUS, forcément, on va y croire. Attachez votre tuque!


C'est bien connu au Québec, quand la neige atteint certains niveaux, comme un bon 30 cm, on ferme les écoles, le temps de tout déblayer. Ovide est donc bien heureux de rester à la maison, surtout avec ce test de math qui lui pose un peu problème ( pas facile de retenir la table de multiplication par cœur). Ça signifie aussi d'aller profiter de la meilleure neige qui soit: la "collante", celle qui est suffisamment humide pour coller et donc, faire des balles, des forts ou des bonshommes de neige! Tout occupé à fabriquer une fusée en neige, Ovide est fort surpris d'entendre un "Pouf!" juste derrière lui. Il s'agit d'une drôle de manette en glace, comportant une antenne en forme d'éclair et un bouton rond. En appuyant dessus, la neige cesse aussitôt de tomber. Oho. Il tente de faire le contraire, mais loin de le faire, le bouton s'enfonce alors encore plus! La neige commence alors à remonter, entrainant Ovide et sa fusée vers le haut. C'est ainsi qu'Ovide va se retrouver collé à un énorme nuage, qui est en fait un vaisseau en neige. Ce vaisseau appartient aux bonshommes de neige créés par les enfants et qui s'y cache le temps de la saison chaude. Donc, Ovide va rencontrer le grand bonhomme de neige qu'il a cré l'an dernier: Émerlaüs. Ce dernier est fou de joie de rencontrer son père, mais le temps presse: Il faut réparer la manette. Autrement, toute cette neige collante qui s'accumule sous le ventre du vaisseau, risquant de le faire chuter.



C'est un univers aussi chaleureux que frisquet, avec des personnages tellement mignons et amusants, dans un décor de glace, de neige et de gros nuages. Avec une palettes de bruns, de gris doux, de rouges vifs et de verts d'eau, le blanc a bien sur l'honneur. Je remarque aussi qu'Ovide est un petit garçon métissé entre un papa à la peau foncé et une maman à la peau claire. Un détail important pour la diversité ethnique des œuvres jeunesse, encore aujourd'hui. J'ai adoré la richesse de représentation des bonhommes de neige, , surmontés de vêtements divers d'hiver ( ohoho, le jeu de mot!) , avec divers aliments, branches, articles de cuisine et autres objets pour leur composition. Ils y en a des gros, des petits, des trois boules, en forme de poire, en forme de motte, bref, ils sont vraiment diversifiés. Émerlaüs ( quel prénom funky) et Ovide ont en outre un registre émotif varié, dont les expressions sont faciles à décoder.



"Le cumulus machinus" est plutôt axé "aventure" qu'autre chose. Il n'y a pas d'enjeu social et pas vraiment de morale non plus. Ça peut être reposant, ce genre d’œuvre. On est dans une histoire remplie d'action et d'humour, jouant sur l'idée que les bonshommes de neige prennent vie et ont une personnalité propre. C'est une ode à l'imagination, aux jeux hivernaux et à l'amitié, avec des petits jeux de mots ça et là et des péripéties rocambolesques.



Le tout est découpé en chapitres comme le sont les romans, ce qui est un bel ajout. Cela confère à l'ouvrage un rythme à suivre et j'imagine bien les enfants moins habiles en lecture ou ayant besoin de pauses apprécier la présence des chapitres.



Pour les européens, sachez que c'est en français international agrémenté de quelques termes d'ici ( surtout des vêtements). Je précise qu'on n'écrit plus en joual depuis longtemps, vous le savez? Alors vous n'avez pas d'excuses pour ne pas lire nos livres dans le français du Québec, c'est parfaitement compréhensible. En outre, malgré le côté script du texte ( écrit à la main), c'est parfaitement lisible, avec une belle écriture d'ailleurs. Certains mots sont même accentué au crayon gras.



Enfin, le livre lui-même comporte pas mal de texte, je pense que ce sera adapté aux lecteurs du 2e cycle du primaire ( 8-9 ans). Les Lecteurs moins habiles et/ou moins patients peuvent y aller doucement en suivant les chapitres. C'est tout-à-fait le genre de livre qui peut se substituer à une BD en terme de quota de mots, car il y en a définitivement plus ( je ne dis pas que la Bd est moins pertinente, attention!). Ce peut-être même un livre intéressant pour les 10-12 ans qui ont du mal à se donner l'envie de lire.



Dernier point, il y a des flocons spéciaux dans le récit. Ces flocons, soumis à une application, donne des scènes en réalité augmenté. Mais ce n'est pas obligatoire de les regarder, c'est plutôt une sorte de bonus.



Un beau livre qui arrive à point nommé pour la blanche saison et se joint à la littérature jeunesse intermédiaire québécoise.



Pour un lectorat intermédiaire du 2e cycle primaire, 8-9 ans.

Shaynning

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