J'étais entré dans une librairie de Clermont-Ferrand, un jour de pluie, une semaine de poésie. Une longue conversation avec la libraire s'était centrée sur les départs, comment les vivre, les expérimenter et qu'est-ce qui importe dans ces derniers... Le dehors et le dedans était la réponse à mes questions selon elle mais attention, le recueil n'était pas fait pour se lire à voix haute, il fallait le chuchoter, dans les creux des lèvres. Ce conseil m'est resté très précieux pour cet ouvrage.
J'ai toujours goûté la poésie de Bouvier à travers une brume opaque, matinale, rosée, d'un pays étranger, d'un corps en voyage et je ne crois pas m'être trompé. Chaque fois que j'ouvre une page par hasard je me retrouve entre deux roches admirant mes pensées dans la purée de pois de l'ailleurs. Parce que c'est ailleurs que Bouvier se retrouve. Les paysages ne sont que le reflet de quelques artifices d'un corps en mouvance, ils ne servent qu'à conter la place des pensées dans le poète.
Je me rappelle arpenter ses mots dans les trains, dans les gares, dans les endroits qui appartiennent à tous et à personne. C'est un recueil qui doit bouger, dans un sac à dos ou dans un manteau mais faites le bouger, vous vous remercierez car même chez eux, vous serez chez vous.