Je découvre cet auteur bien tardivement mais après lecture, j'ai bien l'intention de me rattraper.
Timothy Findley est né à Toronto en 1930.
Le Dernier des fous, publié à Londres en 1967, (les éditeurs canadiens l' avaient refusé), est son premier roman.
Jamais, dans un livre, je n' avais à ce point ressenti le fracas assourdissant du silence et surtout la violence des non dits. Les mots "dérangé", "bizarre", "folie"...volètent autour de Hooker, jeune garçon de 11 ans, tels des libellules en ce très chaud été.
Et les questions se bousculent en permanence dans sa tête face à l' étrangeté de sa famille. Une mère qui se refuse à quitter la chambre, un père que tout submerge et qu'il méprise, un grand frère qui vit dans sa bibliothèque et ses frasques alcooliques, une tante qui régente tout en vivant dans le passé des photographies...
La seule qui lui réponde, qui essaie...c'est Iris, la domestique noire.
Extrait : "Elle posa sur lui son regard de bronze pâle. Pendant un moment, Hooker la regarda aussi. Elle avait des yeux bizarres, étranges, dilatés, qu'il avait déjà vus quelque part. Des petites sphères d' innocence et d' éternité aux couleurs éparses, qui scintillaient nerveusement. Meurtriers, vibrants, et pourtant opaques -denses. C'étaient des bombes -comme les siens. Exactement comme les siens. Voilà. A présent, immobiles, l' enfant et le chat attendaient."
Et durant tout l' été de cet enfant solitaire et observateur, l' irrémédiable va se mettre en place, lentement, sournoisement, en touches successives...les silences détruisent les ponts qui auraient pu relier les personnages.
Et ces vers d'Oscar Wilde, cités dans l'ouvrage, illustrent à la perfection la douleur qui plane entre les pages :
Et tous les hommes tuent l' être qu' ils aiment,
Que chacun l' entende bien !
Certains le font avec un regard froid,
Certains avec un mot flatteur,
Le lâche avec un baiser,
Le brave avec une épée.
Timothy Findley est mort en 2002 à Brignoles. Il aura eu une très belle carrière d' écrivain, récompensée par une avalanche d' honneurs, c'était un homme assoiffé de connaissances et d' aventures intellectuelles...et d' amour : quatre décennies d' un compagnonnage à toute épreuve avec William Whitehead.
Comme je le disais, je viens juste de découvrir, mais j'ai hâte d'être à notre prochaine rencontre...c'est commandé