Il y a vingt-cinq ans, Michael Mann réalisait l'un des films les plus esthétiques que j'ai jamais vu, mettant magnifiquement en scène Daniel Day-Lewis et Madeleine Stowe, dans une émouvante succession d'aventures, de batailles et de sentiments contrariés. Et cela fait vingt-cinq ans que je me dis qu'un jour je m'attaquerai au roman qui lui a inspiré un tel morceau de cinéma. "Inspiré", c'est le terme exact car, en réalité, le réalisateur et son scénariste ont pris de très très grandes libertés avec l'oeuvre de Cooper, à tel point que je n'y ai pas du tout retrouvé ce qui m'avait tant charmée.
Certes, le contexte est là. Etat de New York, 1757. Autant dire que vous ne verrez aucun gratte-ciel mais des forêts hostiles à perte de vue, sillonnées de rivières aux rapides meurtriers, et peuplées de tribus indiennes corrompues par les deux grands antagonistes de la périodes : les Anglais et les Français. Ces sympathiques colons ont assujetti les naturels d'Amérique à coup d'eau de feu et de fusils, leur faisant oublier leurs traditions et provoquant des schismes entre peuplades et des poussées d'agressivité auxquelles il ne vaut mieux pas être confronté.
Je disais donc que Michael Mann avait réalisé une adaptation très éloignée de l'oeuvre originelle, changeant les relations entre les personnages et modifiant la chronologie de l'action, de telle sorte qu'il est inutile de vouloir retrouver vos petits dans une telle jungle.
Toutefois, j'aurais pu passer par dessus ma déception et sincèrement m'intéresser au roman classique que j'avais entre les mains si le style de Cooper et sa narration n'avaient eu raison de mon intérêt et de ma patience. "Le dernier des Mohicans" est certes un très bel hommage rendu aux peuplades indiennes colonisées - et pour une fois l'auteur blanc ne se montre pas fat et condescendant vis-à-vis des autochtones, un bon point pour Cooper - mais le rythme est juste indigeste, tant les descriptions sont foisonnantes et la relation des sentiments ou des opinions traînent en longueur. Pour le coup, le style classique est ici clairement suranné et même si le roman recèle un véritable concentré d'actions et d'aventures, je n'ai pas réussi à l'apprécier à sa juste valeur.
Dommage. Il est rare que je découvre le film avant le roman et dans ce cas précis, j'aurais dû m'abstenir de relier les deux œuvres.