À travers ce roman, tiré de l’histoire vraie (lors d’une soirée un ami de François lui a raconté son expérience que notre écrivain transformera en roman) d’Adrien, personnage central victime d’un inceste, François Calvia nous fait voyager entre son île natale, la Corse, qu’il affectionne tout particulièrement et Saint-Barthélemy, aux Antilles :
On suit l’histoire d’Adrien racontée à la troisième personne. Abandonné à la naissance en Corse, il est ballotté entre différentes familles dans lesquelles il passera toute son enfance entre fantasmes d’évasion et réalités accablantes : Il s’imagine retrouver un jour sa véritable mère et rêve de ce qu’il pourrait alors faire (Je rêvais d’avoir chevauché un Appaloosa dans les vastes prairies américaines…de m’être battu au côté d’un lion face aux hyènes… », rêves d’enfants qui vont être malmenés lorsqu’il va devoir faire face aux mauvais traitements et à la violence la plus abjecte…
Puis alors qu’il aborde l’adolescence dans sa quête incessante de découvrir ses origines, il retrouve sa mère, mannequin célèbre, avec laquelle il vivra quelques années des moments magiques et qui va lui donner le goût du beau à Paris ou pendant de magnifiques voyages dans des endroits somptueux. Malheureusement cette merveilleuse mère ne va pas bien et il y aura aussi des moments douloureux avant qu’elle ne se suicide, sans avoir pu ou voulu lui apporter de réponses aux mystères concernant son passé …
C’est alors qu’il va connaitre son grand père qui lui fait découvrir le cap corse et dont il apprend qu’il est le dernier héritier en tant que « dernier des Serra » descendant d’une famille de notables corses les « Serra » et qu’il sera de ce fait, amené à devenir propriétaire d’une maison prestigieuse construite par son aïeul à la fin du XIX me siècle
Son grand père lui permet de continuer ses études à Paris où il finit, comme l’avait fait sa mère par entrer dans le milieu du mannequinat.
Il va aussi trouver l’amour, et apprendre qu’il a une santé très fragile…
Adrien retournera régulièrement au Cap Corse, ou il fera son Coming-out familial (comme il ne veut pas d’enfants c’est à double titre qu’il sera le dernier des Serra) et devra y affronter des tenants du mariage pour tous (scènes assez mémorables) et il restera animé par l’obsession de comprendre qui est vraiment son père, car au-delà du peu qu’il a pu apprendre sur ce dernier (un ouvrier agricole …) il sent bien que se cachent des mensonges, des secrets ou des vérités mi-dévoilées.
Parviendra -t-il à découvrir le secret de sa naissance ? Et si oui, que fera-t-il de sa découverte… ?
Le roman fait des va et vient entre présent et passé. On y suit par exemple le passé familial des Serra depuis le tout premier l’arrière arrière-grand-père d’Adrien. Il propose aussi de nombreux pas de côté pour parler de diverses thématiques sociologiques ou historiques comme l’exploitation de vignes, le débarquement de l’impératrice Eugénie, la condition des mineurs émigrés en Amérique Latine, l’histoire des « Palazzi » corses, l’histoire de la maison de Rudolf Noureev à Saint Barth…
François Calvia, à travers “Le dernier des Serra”, adopte un style direct et sans artifice presque brut qui ne cherche pas à embellir la réalité, mais au contraire à la dépeindre dans toute sa cruauté. C’est une écriture sans fioritures mais pas sans puissance : François Calvia préfère, à l’abondance, choisir avec soin et précision les mots de son narrateur (La narration est à la première personne) pour traduire l’intensité des émotions. Dans le même ordre d’idée, les dialogues sont minimalistes mais percutants.
François Calvia tient à préciser : « Comme pour mon premier roman qui a été primé en 2022, il ne s’agit pas à proprement parler de littérature gay. Le résumé de la dernière de couverture reste assez vague et c’est sciemment que je l’ai souhaité afin de ne pas dévoiler l’histoire. »
Cependant le personnage principal étant gay, et vit pleinement cette orientation il a toute sa place ici.
« Le Dernier des Serra", captivant, fait la part belle aux émotions complexes liées à l’abandon, à la recherche des origines et à la réconciliation avec soi-même, nous entraine dans un voyage émotionnel et géographique entre Saint Barth et la Corse, où se déroule une grande partie de l’histoire et explore des thèmes profonds et universels souvent tabous, offrant une expérience de lecture intense et poignante.
henri mesquida groupe Facebook :cinemaetlitteraturegay