Dans un Nord imaginaire et sauvage, inspiré du Bas Moyen-Âge, les peuples Cyngaël et Anglcyn partagent la même terre. Régulièrement attaqués par les Erlings, pillards sanguinaires, ils n'en sont pas moins rivaux, séparés par un mur de pierres et une forêt impénétrable hantée par des esprits ancestraux.
Chacun des ces peuples, enfermé dans ses propres croyances et traditions, vit dans le mépris et la méfiance des deux autres. Les Cyngaëls, divisés eux-mêmes en trois provinces querelleuses, sont un peuple mélancolique à l'accent chantant, partageant la même foi que les Anglcyns. Ces derniers, cavaliers émérites, ont à leur tête Aëldred, roi charismatique ayant dans le passé réussi à vaincre contre toute attente l'occupant Erling.
Une nuit, à la suite d'un raid sur une ferme voisine, Alun, barde et fils du Roi Cyngaël, entre en contact avec l'entremonde, territoire profane et magique, nié par les prêtres. Cette rencontre en provoquera d'autres, jusqu'au jour où, accompagné d'un prince Anglcyn et d'un mercenaire Erling de renom, il devra traverser la forêt interdite, faisant fi des avertissements du Livre Saint.
Ancré dans un pseudo-réalisme historique, Le dernier rayon du soleil est avant tout un roman sur l'être humain, détaillant avec subtilité la psychologie de chacun des protagonistes. Opposant parfois spiritualité et foi, révélant le coeur des hommes dans les situations les moins propices, Guy Gavriel Kay maîtrise la narration avec talent. Sa poésie tantôt sauvage, tantôt délicate, embaume l'ensemble de l'oeuvre, jusqu'à nous étourdir et nous perdre en ces contrées mystérieuses et dépeuplées. L'écriture, impartiale et majestueuse, nous amène discrètement à la réflexion sur ce qui conditionne nos existences, sur les conséquences de chacun de nos actes. Ajoutons à cela un art du dialogue fin et mature, et nous avons un roman bien plus profond et adulte qu'il en a l'air.